Je ne peux pas oublier. Je ne pourrais jamais oublier. Alors il me faut le dire. Même si je ne veux pas le décevoir, il est déjà trop tard. Je m’éfforce pour l'instant à vivre, comme si de rien n'était. Mais j'ai de plus en plus d'absences. J'ai peur de tout et de tout le monde. Mais je ne peux pas rester enfermé. C'est moi. C'est ma faute. Non. Je dois oublier. Je vais sortir prendre l'air.

*

C'est un jour de pluie. L'orage gronde et quelques éclairs se font apercevoir entre les nuages gris. L'air est lourd. Mais la pluie me lave. Ce n'est pas une fine et douce pluie, non. Il pleut depuis onze heures et elle ne fait que s'intensifier. Toujours plus forte, toujours plus froide. Je reconnais bien là le Japon. Mais ce temps me convient. On dirait même qu'il est là pour moi. Mais je ne reste pas sur place. Dans une quarantaine de minutes je fais mon entrée. Mon entrée dans son lycée. Mais il n'y est plus. Je dois pourtant y aller. Y retourner.

*

Le train était vide. Le silence n'était brisé que par les gouttes qui tombaient violemment au-dehors. D'ailleurs, je laissais une horrible trace au sol. Un flash-back me revînt. Une flaque. Je détournais brusquement la tête afin de fuir mes souvenirs, manquant de me bloquer la nuque. Et les battements de mon cœur de plus en plus fort résonnaient dans ma dans tête. Ma respiration se fit courte et alors que je croyais faire de nouveau une crise, le train s'arrêta à une station. Sans réfléchir je descendis. La pluie me frappa au visage et lentement je repris mes esprits. Mais j'étais descendu trop tôt.

*

D'un pas rapide j'avais pris le chemin de la pension et une fois face au portail de celle-ci, je ne me fis pas prier. J'entrais directement dans le hall. La directrice qui m'attendait m'accompagna aimablement dans la salle où je devais faire ma présentation. Elle ne me forçait pas à parler, se contentant des formules de politesse et gardant le sourire. Je me sentais un peu plus à l'aise. Peut-être arriverais-je à tenir l'heure. Je me demandais cependant s'il y aurait beaucoup d'élèves. M'avaient-ils déjà vu ? Non, impossible. Je ne devais pas m'en faire. Je ne devais surtout pas m'angoisser. Personne n'était au courant. Et je n'allais pas leur dire. Non, je n'allais pas leur dire.

*

Une fois arrivé devant la salle et après avoir un peu discuté, la directrice s'en alla. Je ne voulais pas m'assoir, mais je mis tout de même à l'aise. J'essayais de me détendre. Enlevant mon long manteau noir trempé que posais sur ma chaise, je réfléchissais à ce que je pourrais dire. J'aurais du mal. Mais j'allais faire court. Ils ne savaient rien et ne sauraient rien. Et plus les secondes passaient plus j'essayais de m'en convaincre.

*

Je m'adossais au bureau, attendant patiemment l'arrivée des élèves. J’espérais secrètement qu'ils ne seraient pas perspicaces. J'avais les cheveux mouillés, ma chemise blanche humide et j'arrivais à peine à garder la tête haute. Que penseraient-ils de moi ? J'allais devoir faire un effort. Je devais les convaincre de mon innocence. Je me trouvais devant des juges qui, s'ils m'acceptaient, me rendraient libres. Les battements de mon cœur accélérèrent doucement.

The truth behind the lie.
Un nouveau professeur?

" Nika ... Tu sais, j'aime ta mère et je t'aime. "
Qu'est-ce que la vérité? Qu'est-ce le mensonge? On dit qu'il faut toujours dire la vérité, qu'il ne faut pas mentir. Mais les mots n'expriment pas assez, souvent des vérités se cachent des mensonges tandis que des mensonges expriment beaucoup de vérité. Si c'est le cas, où est le bon et où est le mauvais? Elle ne savait pas mais ce qu'elle savait... C'est qu'elle ne voulait pas entendre ça. NON t'approche pas! Ne me regarde pas avec ses yeux, ne me touche pas! Dans un vaste espace blanc, une petite jeune fille courait, encore et encore, jetant des regards derrière elle. Elle fuyait, fuyait quelque chose, quelqu'un avec une peur qui encerclait son coeur. Bientôt, très bientôt, la personne la rattrapait et une terreur se lit sur le visage de la petite fille tandis que sa main commençait à effleurait son épaule... Réveillant Nika en sursaut, des sueurs au front ainsi qu'une larme qui commençait déjà à couler le long de son doux visage. La respiration saccadée, lourde, elle essaya de reprendre peu à peu son souffle en regardant autour d'elle, voir où elle se trouvait, confirmer qu'elle n'était plus dans son cauchemar, qu'il n'était pas là. Ceci fait, elle posa son bras droit sur ses yeux, respirant un grand coup, ruminant les mêmes mots encore et encore: respire, expire, respire, expire. . Quand son souffle se calma, elle poussa un petit soupire assez discret mais qui lui fit un bien assez plaisant et se redressa. La pièce était encore noire, les fenêtres étaient fermées mais on pouvait apercevoir la lumière se filtrait dans la chambre. Il faisait déjà jour. Elle jeta un oeil à son colocataire, toujours endormis et émit un petit sourire avant de se lever et marcha avec lenteur vers son armoire. Les yeux sur ses vêtements, elle réfléchissait à quoi mettre quand elle se rappela qu'il y avait un uniforme à porter. Elle poussa à nouveau un soupire avant de le prendre. Les cours... Elle n'aimait pas les cours. Pas qu'elle haïssait les leçons, au contraire, c'était assez reposant. Juste... Qu'elle n'avait pas vraiment de bon souvenir des cours... De l'école.

Après avoir prit une bonne douche rapide, elle se sécha et mit l'uniforme avant de sortir de la salle de bain. Son colocataire s'était déjà levé, leurs regards se sont tout de suite croisés et Nika ne put que faire un petit sourire avant de formuler un bonjour à peine audible mais qu'on pouvait encore discerner. Elle restait légèrement mal à l'aise vis-à-vis de lui. Sans doute à cause de son passé mais aussi par le fait qu'elle avait un peu peur de l'avoir réveillé. Celui-ci lui salua aussi avant de rajouter autre chose qui lui surprit.

" Tu savais qu'on avait un nouveau professeur de maths? "

" Non ? "

Tiens, c'était bizarre... Un nouveau professeur en plein trimestre? Bien qu'elle soit légèrement mal placée pour dire ça puisque cela ne fait pas si longtemps qu'elle était là aussi. Quoi qu'il en soit, enfilant ses chaussures, elle prit son sac avec les cours déjà préparés la nuit d'avant et sortit de la chambre. Parcourant les couloirs avec un coeur vaguement lourd, elle se dirigea vers son premier cours de la matinée. Il n'y avait pas encore beaucoup d'élèves, on pouvait juste distinguer la pluie qui tombait dehors, pratiquement un torrent avec quelques chuchotements, quelques conversations et des bruits de pas légers. Nika marchait lentement, prenait son temps, de toute façon, elle était en avance. Les cours passaient à la même lenteur, une journée bien triste... Grise comme on dit. Arrivant enfin à destination, elle aperçut le professeur en question, des cheveux mouillés argentés, une carrure qui semblait normale, du moins pas trop imposante... Elle ne le dévisagea pas plus et quand leur regard se croisa, la jeune femme se courba un peu de la tête pour le saluer et se mit tout de suite à une place au troisième rangée, sa rangée préférée, la place qui lui donnait une impression de se fondre dans la "foule", bien que là, ce soit totalement raté puisque à part elle, il n'y avait encore personne.


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Encore un jour de pluie. Le Japon n'était pas connu pour son temps magnifique mais quand même. Ce temps commençait à me déprimer un peu. Je venais tout juste de me lever et je regardais les gouttes de pluie s'écraser sur la fenêtre. Je restais un instant plongé dans mes pensées avant de me décider à partir. Enfin, je devais bien sûr me laver, m'habiller et préparer mon sac avant. Une fois le tout en ordre, je partis donc. Mes colocataires commençaient tous plus tard aujourd'hui, alors je ne me pressais pas non plus et restais silencieux. Pour ne pas changer les bonnes habitudes j'arriverais une nouvelle fois en retard. Je me fis remarquer et après un sermon je pus enfin aller m'assoir. Je n'étais pas très bien réveillé et je n'étais pas du tout concentré. Je somnolais donc durant l'heure entière et la sonnerie me réveilla agréablement.

Enfin.

J'allais partir sans plus attendre, lorsque la professeur fit une annonce. Elle nous invitait à venir à la présentation de l'un de ses collègues. Professeur de mathématiques, il arrivait en milieu d'année. Étrange non ? Enfin, je ne m'attardais pas sur cette première impression. J'avais donc une heure de libre. C'était trop peu pour me caler dans un coin de la pension et jouer un petit air de guitare mais assez pour m'ennuyer. Finalement je décidais de me rendre à cette petite présentation.

Après avoir cherché la salle dans tous les bâtiments, je finis par la trouver. Étrangement je ne m'habituais pas bien aux salles de cours. Je crois que mon cerveau a une mémoire sélective. Enfin, j'arrivais donc devant la fameuse salle. J'ouvris doucement la porte. Je devais être en avance car seul deux personnes s'y trouvaient : le professeur en question que je reconnus de suite, adossé au bureau, et une élève, déjà assise à la troisième rangée.

Le professeur était grand et avait les cheveux mouillés et sa chemise humide. Il venait surement d'arriver. Il semblait stressé et un peu mal à l'aise, ce qui était compréhensible. Je n'aurais pas aimé me retrouver devant toute une classe, pendant une heure, juste pour me présenter. Remarque pour l'instant nous n'étions que deux. Mais c'était presque pire : où étaient les autres ? Personne ne s’intéressait à lui ? Le pauvre.

Je m'avançais, cherchant à quelle place je pouvais m'assoir. Passant devant le professeur je me fis tout de même poli :

Bonjour.

Je forçais même un petit sourire. Je n'étais pas d'humeur et alors ? Ce n'était pas une raison pour être désagréable. Je préférais aussi éviter de passer pour un asocial et je m'assis donc près de la fille. Son visage ne me disait rien, je ne l'avais jamais vue. Mais elle était plutôt jolie.

Salut.

Je ne savais pas quoi dire de plus et je ne voulais surtout pas la déranger si elle n'avait pas envie de parler. Je n'étais pas très bavard et je pouvais donc comprendre. Mon sac à mes pieds, je me mis un peu plus à mon aise, histoire de pouvoir attendre un peu que d'autres élèves remplissent la salle. S'il y avait d'autres élèves qui venaient, car ce n'était pas certain.

Ce n'était que mon deuxième jour au sein de l'établissement que j'étais déjà en retard en cette matinée bien grise. Mais j'en avais une bonne, de raison ! Bah oui, encore ce foutu réveille qui n'a pas sonné ! Oh, certains diront que c'est tant mieux et tout le reste mais qu'est-ce qu'on va dire de moi maintenant, hein ? Que j'suis un genre de marmotte ou j'sais pas quoi d'autre. C'est peut-être une de mes colocatrices qui l'a trafiqué qui sait ! Bah, on peut tout imaginer, après tout je ne les connais même pas et je ne les ai même pas vu je crois. M'enfin, après être sortis de mon sommeil et d'avoir remarqué que j'étais bien en retard, j'ai dû mettre le turbo pour me doucher, m'habiller et tout ce qui s'en suit. Faut dire qu'il y a beaucoup mieux comme réveils, j'espère que ce ne sera pas comme ça tout les jours.

C'est donc complètement essoufflée que j'arrivais à mon cours de japonais et que le professeur me réprimanda sévèrement. Ca, c'est fait... A la fin du cours, elle nous expliqua qu'un nouveau professeur de mathématiques était arrivé et que l'on pourrait le rencontrer après l'heure du déjeuner. Ca ne me disais trop rien mais ça prenait l'heure du cours de langue étrangère alors j'allais évidement venir saluer le bleu ! Par la suite, je décidais de me faire toute petite pendant les cours suivant afin de montrer que je me repentais de mes pêchers. Façon de parler hein. L'heure du déjeuner arriva rapidement et c'est là que je commençais à entendre des rumeurs au sujet du nouveau professeur. Apparemment, certains disaient que c'était vraiment bizarre qu'il arrive comme ça, en plein cour de l'année et, qu'en plus, ils avaient entendu des bruits comme quoi un élève avait disparu. Oula ! Ils commençaient à se croire dans un vieux polar ou j'sais pas quoi là ! Youhou, faut redescendre sur Terre, c'est pas inspecteur gadgets ici ! En plus je détestais entendre des commérages. Les gens s'amusent à affirmer des choses qui ne sont pas du tout fondées et ça finit par créer un bazar monstre. Il serait temps qu'ils s'occupent seulement d'eux-même ces guignols.

La fin du déjeuner s'annonçait et je me dirigeais donc vers la salle où il devait se trouver le nouveau professeur. J'allais rester sagement au fond de la classe pendant que les autres lui parleront à envoyer quelques textos sans que l'on s'occupe de moi, chose que je n'aurais jamais pu faire en cours de langue étrangère. Arrivée devant la salle, j'ouvrir la porte et constatais qu'il y avait seulement deux élèves présent dans la salle et le professeur qui attendait sagement devant son bureau. A vue d'oeil, il ne ressemblait pas à un kidnappeur d'enfant ou je ne sais quoi d'autre. Je le saluais poliment et filais au fond de la salle, bien trop pressée de pouvoir faire joujou avec mon engin.

Aujourd'hui c'était ma journée grasse matinée !
Je n'avais pas cours à la première heure et, depuis mon arrivée au pensionnat il y a deux semaines de cela, je n'avais pas encore mis les pieds à un cours de maths. J'avais prit toute mes précautions pour sécher ce cours là qui me déprimait à chaque fois que j'y allait, montrant encore une fois ma nullité en matière scientifique.
Cependant, la veille, j'avais entendue la directrice parler au téléphone et j'avais crue l'entendre parler d'un nouveau professeur qui allait arriver le lendemain. Cela avait un peu attisé ma curiosité sachant que nous étions au milieu du trimestre.
je décidais donc de prendre une bonne résolution et d'aller en cours, avec un peu de chance, mes absences seront passés inaperçues et j'allais avoir l’opportunité de repartir de zéro. Je ne garantissais toutefois pas d'être une élève assidue si le prof ou le cours ne m'intéressaient pas.
On ne peut pas dire que c'est de la mauvaise volonté, c'est juste que mon pire ennemi, c'est l'ennui.

Bref, Il ne fallait pas que je tarde trop, finit ma grasse matinée, le cours commençait dans 20 minutes et j'étais toujours entrain de rêvasser dans mon lit.
Je sortis donc de celui-ci, mes collocs étaient déjà partis soit en cours soit pour déjeuner et j'avais la chambre pour moi toute seule.

On ne pouvait pas dire qu'il faisait un temps idéal, cependant j'étais de bonne humeur et j'avais le pressentiment que cette journée allait être intéressante.
J'enfilai mon uniforme à la va-vite et me regardai dans le miroir. J'avais les cheveux en bataille mais je n'avais pas le temps de m'en occuper. Je décidai donc de me faire un chignon un peu en fouillis sur le haut de la tête et de me brosser les dents.
Une fois cela fait, je pris mon cahier de maths (totalement vierge), mon sac et quelques stylos, les enfournais dans mon sac et sortie de la chambre.

Il me restait 5 minutes, mais avec mon sens de l'orientation qui laissait à désirer, je ne m'avançais pas trop en me disant que je n'allais pas être la première.
J'étais plutôt excité de rencontrer ce nouveau professeur et de voir mes camarades de torture des mathématiques.
Je trouvais enfin la salle et ouvrit la porte, je balayais du regard la pièce. Il n'y avait que 4 élèves, je n'étais donc pas si en retard que ça. Il n'y avait personne qui parlait dans la pièce et l'ambiance me parut un peu pesante.
Je me retournai pour découvrir le nouveau professeur, il avait l'air d'avoir prit la pluie ce qui me fit sourire en souvenir de mon premier jour ici durant lequel il m'était arrivé la même chose.
Bien qu'il était jeune et non repoussant, je n'allais pas continuer à le fixer pendant des heures. Je le saluai donc tout en lui souriant et en lui lançant un regard compatissant pour lui souhaiter bonne chance.

J’aperçus Satou à côté d'une fille et lui fit un petit coucou discrètement ainsi qu'un grand sourire.

"Salut !"

C'était la première personne que j'avais rencontrée au pensionnat et j'avais passée un super repas avec lui, ce qui m'avait grandement aidé pour mon intégration , j'étais donc très contente de le revoir. Je n'avais jamais vu la fille à côté de lui ni les autres personnes dans la salle, je décidai donc de m'installer derrière Satou et sa voisine, côté mur, histoire que le nouveau professeur n'ait pas l'idée de vouloir m’interroger trop souvent...

L'attente était insoutenable et je devais prendre sur moi pour ne pas me mettre à faire les cent pas. Un mal de tête me pris. Je fermais les yeux quelques instants dans le but de me calmer. En vain. Mon mal-être semblait me rattraper. Mais je ne devais pas me laisser abattre. Pas maintenant. Ce n'était pas ma faute ! Non.. Si ?

*

Le premier élève arriva enfin. Finalement, je n'avais pas attendu si longtemps. Je n'ai pas pu directement la regarder dans les yeux, j'avais bien trop peur, mais lorsqu'elle passa devant moi pour prendre place, nos regards se croisèrent. Un frisson me parcourut. Pour mon plus grand plaisir, elle ne me dit rien. Et j'en fis de même. Elle ne semblait pas s’intéresser réellement à moi. Un soulagement. Mais je n'étais plus seul désormais. Mon jugement commençait.

*

Peu de temps après un autre élève vint prendre place. Mais il ne semblait guère plus intrigué que la jeune fille qui venait d'arriver. Quoiqu'il fit un peu plus attention à moi. Il me salua convenablement, en souriant même ! Je déglutis avant d'en faire de même :

« Bonjour. »

Mon sourire tremblait et je ne pus le maintenir très longtemps. Je baissais aussitôt les yeux. Je me mis à prier pour qu'il ne le remarque pas. Et je me rassurais, il ne savait rien. Non, il ne pouvait pas savoir. Je devais rester calme.

*

Le défilé avait commencé. Une autre élève vint s'ajouter au groupe. Mon cœur semblait ne plus pouvoir retrouver un rythme normal. J'avais oublié comme les élèves pouvaient être inattentifs et très peu intéressés, celle-ci, tout comme les autres, après un bref salut, se précipita au fond de la salle. Leurs places n'allaient pourtant pas s’envoler, pourquoi courir ? Enfin, ce n'est pas moi qui allais me plaindre. Ce n'était pas le moment. L'idée de s'assoir au premier rang ne semblait pas non plus les avoir effleurés. Tant mieux. Je commençais un peu à me détendre. C'est vrai, ils devaient être là pour tué le temps. Je ne devais pas avoir peur. C'est tout juste s'ils m'adressent un regard. Cette heure passera vite. Je le sais.

*

Oui, j'essayais de tout mon cœur de m'en convaincre. Mais je n'y arrivais pas. J'avais beau usé de la logique qui m'étais si chère, je ne pouvais lever mes yeux du sol. Je n'avais d'ailleurs pas bougé lorsqu'un nouvel arrivant apparut. Encore moins curieux que les précédents, il passa à côté de moi sans un mot ni un regard. Je soupirais doucement. Tout irait bien. Il alla s'assoir au fond, près d'une fenêtre, la place idéale pour ne pas écouter. Prêt à rêver. Je gardais la tête basse, mais un petit sourire tremblotant me prit. Il disparut aussi vite qu'il était arrivé.

*

Mon attitude plutôt réservée ne semblait déranger personne. Du moins, je le croyais. Et je me disais que le moment serait maintenant bien choisi pour commencer ma présentation. Une dernière élève arriva alors. Et son sourire qui se voulait compatissant me rappela à la méfiance. Je détournais brusquement la tête. Je ne devais avoir confiance en personne. Et les élèves un peu trop gentil m’effrayaient. Je me mordis la lèvre inférieure avant de me décider à bouger. Cette dernière arrivante m'avait paru trop agréable. Mon malaise revînt.

*

Nous étions très peu mais ces quelques élèves avaient pris la peine de venir et je n'allais pas rester ici en silence. La panique m'aurait pris sinon. Je levais la tête, afin d'avoir une vue générale sur l'ensemble de la classe et alors que ce petit nombre me paraissait réjouissant, lorsque je les vis tous, je fus tétanisé. Je restais quelques secondes à les regarder ainsi, dans une peur totale, quand je pris mon courage à deux mains pour passer derrière le bureau, non sans me cogner d'abord. Je tremblais.

*

Je pris une craie blanche et tentais d'écrire mon nom sur le tableau noir. Je cassais la craie à deux reprises. Mon écriture étant affreusement trop appuyée, je décidais de m'arrêter à Kazuma. Je me retournais alors face à la classe, pour me présenter plus clairement. Mais ma voix n'était pas vraiment imposante et je fixais le bureau. Je n'avais certainement pas l'air dans mon assiette.

« Je.. Je m'appelle Kazuma Hayao. Je.. Je serais votre nouveau professeur de mathématiques. »

Une pause s'impose. Je repris ma respiration. Relevant légèrement la tête et m’appuyant de mes deux mains sur le bureau, je repris :

« Des questions ? »

J'avais essayé d'être plus clair, mais j'étais au bord de la crise de nerfs. Mon visage semblait calme mais tous mes gestes étaient bien trop peu assurés. Je devais me reprendre. Mon cerveau envoyait des ordres absolus et mon corps réagissait hésitant. Je pinçais une nouvelle fois ma lèvre inférieure.

La salle se remplissait petit à petit mais je n'avais encore vu personne de ma connaissance. Une autre fille, brune, arriva et vînt s'assoir sans un bruit au fond de la salle. Il faut croire que les places de devant répugnaient tout le monde. Ensuite se fut au tour d'un garçon, brun lui aussi, de venir s'assoir près de la fenêtre. Personne ne parlait et un drôle de silence s'était installé. Je regardais alors le professeur. Il ne bougeait pas et semblait absorber dans ses pensées. Je me demandais d'ailleurs à quoi son esprit pouvait-il être occupé. Surement qu'il était stressé pour ce premier jour.

Après quelques secondes je vis alors apparaitre une tête qui m'était familière. Reira ! Elle portait maintenant l'uniforme, il lui allait bien. Elle s'était coiffé simplement d'un chignon sur la tête, elle était jolie. Je lui adressais un sourire. J'étais content de voir enfin une connaissance, je me sentais moins seul. Surtout que cette heure semblait partie pour durer bien longtemps. Reira s'installa derrière moi et l'inconnue à mes côtés. Comme elle me salua, j'en fis de même, engageant une courte conversation.

Salut, content de te revoir.

Il semblait que Reira était la personne qui venait clôturer la classe : le professeur se décida enfin à bougé. Il regarda un instant la salle dans son ensemble et il me parut soudain un peu plus stressé. J'avais un peu pitié de lui, mais j'étais sûr que son angoisse allait passer, on était pas bien méchant après tout, il n'avait aucune raison d'avoir peur. Il tenta d'écrire son nom complet au tableau mais il cassa deux fois la craie qu'il tenait. Il s'arrêta donc à son nom de famille. J'eus un petit sourire et je commentais d'un ton un peu moqueur :

Pas de chance.

Ce n'était pas méchant, mais son inquiétude semblait tout de même exagérée. Après avoir raté sa chance à l'écrit, il la tenta à l'oral. Mais ce n'était toujours pas convaincant, il parlait juste assez fort pour qu'on l'entende mais pas assez pour être autoritaire. Peut-être était-ce sa première année en tant que professeur. Tiens, c'était une bonne question ça, je devais la garder si jamais il nous invitait à le questionner. Et c'est justement ce qu'il fit après s'être présenté sous le nom de Kazuma Hayao. Je n'étais pas spécialement bavard mais le voir aussi mal à l'aise m'encourageait à être un peu plus sympathique. Alors s'il voulez des questions, il en aurait.

Est-ce votre première année en tant que professeur ?

Cette question me titillait depuis un moment, et puis il était plutôt jeune, du moins, il me semblait, c'était donc une bonne question. Je n'avais pas pris la peine de lever le doigt mais j'avais relevé un peu ma tête et j'avais parlé assez fort pour que tout le monde m'entende. Et puis ce n'était pas comme s'il y avait du bruit. Une autre question bien plus évidente me vînt à l'esprit et j’enchainais :

Qu'est-il arrivé à l'ancien professeur ?

C'est vrai, avait-il eu un accident ? Renvoyé ? Pourquoi ? D'un coup cette question me parut très intéressante. Et j'attendais impatiemment la réponse. Les réponses en fait, car ma première question n'était pas si tôt oubliée.

ça va commencer.
Something is weird

Elle attendait, le dos droit, adossé à sa chaise, ses deux mains ensemble sur ses jambes. La jeune fille fixait discrètement le professeur en question qui semblait particulièrement mal à l'aise. Ce n'était pas dans ses habitudes de regarder quelqu'un aussi longtemps mais, elle n'avait pas grand-chose à faire et il semblait... Étrange, comme s'il n'arrivait pas à se tenir, pas dans le sens où il débordait d'énergie mais au contraire où il semblait "faiblard", on pouvait pratiquement apercevoir des tremblements même de là où elle était. Sa silencieuse observation fut vite interrompue par la venue d'une nouvelle élève, un garçon cette fois, plutôt grand, ténébreux. Nika détourna légèrement son regard vers un autre coin de la pièce à gauche tout en entendant ses pas s'approchaient. Il semblait se dirigeait vers le fond. Normal, qui voudrait aller devant? À part les bonnes élèves, et ce n'était pas l'impression qu'il donnait à première vue. Mais à sa surprise, elle pouvait l'entendre arrivée, de plus en plus, près d'elle jusqu'à être à ses côtés. Surprise qu'elle ne cachait pas dans son regard qui s'était tourné vers lui dès qu'elle l'avait entendu venir. Elle pensait sincèrement qu'il allait aller plus au fond, et vue toutes les places libres, elle n'aurait jamais pensé qu'il allait s'asseoir ici. Celui-ci engagea même la conversation.

"Salut."

À premiers temps, elle ne savait pas quoi faire. Elle restait dans un état d'étonnement et pour être honnête, elle n'était pas vraiment à l'aise. Mais rapidement, la jeune femme se détendit, il ne fallait pas qu'elle prenne peur pour rien, c'est ce que ses colocataires lui avaient appris au vu de ces jours passés ensemble. Nika émit un léger sourire face à cet homme avant de répondre.

" Bonjour "

Juste après cette réponse, on pouvait entendre de nouveau la porte claquait, faisant voir une nouvelle personne, une fille plutôt menue aux cheveux longs et sombre, très lisse qui après avoir salué le professeur avait vite filé derrière. À peine était-elle assise, que la porte s'ouvrait de nouveau et elle vit avec joie son colocataire se pointait, le sac sur ses épaules tenue par sa main, un peu façon garçon cool et rebelle, ce qui la fit émettre un léger rire puisqu'il ne semblait pas être de ce genre dans la chambre. Celui-ci ne semblait pas l'avoir vu et s'était vite rangé à coté de la fenêtre et regarda par la fenêtre, il ne semblait pas très... Intéressé par cette classe. Au moment où celui-ci retourna son regard vers la classe, la jeune femme retourna rapidement son regard vers sa table aussi, ne voulant pas qu'il la surprenne en train de le regarder. Une nouvelle élève arriva, une fille qui semblait être débordante d'énergie, sociable... Chose qu'elle aurait aimée être. D'ailleurs, celle-ci après avoir salué le professeur s'était vite avancé vers eux, saluant le voisin de Nika avant de se mettre derrière eux. Elle continuait de l'observer discrètement, ils semblaient se connaître, pourquoi ne s'était-elle pas mis à coté de lui? Ce n'était pas la place qui manquait, peut-être qu'elle espérait qu'eux deux puissent la cachent un peu? En entendant à nouveau des pas, Nika remit sa concentration sur le professeur, la salle était plutôt silencieuse, non même très silencieuse alors tout son, attirait son attention. Celui-ci s'était mis derrière son bureau tout en se cognant préalablement avant. Était-il du genre maladroit? Il l'inquiétait. Il commença lentement à essayer d'écrire son nom sur le tableau, oui essayer car avec la nervosité, celui-ci venait tout juste de casser la deuxième craie. En voyant ce spectacle, Nika ne put s'empêcher d'être nerveuse elle aussi. Son écriture était lui aussi pas très claire, on pouvait voir ses tremblements dans ses traits. " Kazuma ". Le professeur s'était arrêté à l'avant de se retourner mais, il ne regarda pas la classe mais plutôt son bureau.

« Je.. Je m'appelle Kazuma Hayao. Je.. Je serais votre nouveau professeur de mathématiques. »

Allait-il s'en sortir? Nika s'en inquiétait de plus en plus, comment a-t-il pu devenir professeur avec ce caractère? Pouvait-il réellement faire cours? Juste à ce moment-là, il semblait se reprendre doucement, levant son regard vers les élèves, les deux mains posaient sur le bureau comme un geste pour lui donner confiance en soi ou peut-être juste pour l'aider à tenir, d'une voix plus claire cette fois, il reprit.

« Des questions ? »

Son voisin fut celui qui commença.

Est-ce votre première année en tant que professeur ?

Mhm.. Première question courante, cela devrait être assez facile à répondre. Enfin elle espérait pour lui mais rapidement il enchaina avec une autre.

Qu'est-il arrivé à l'ancien professeur ?

L'ancien professeur? Tient, elle se demandait aussi mais était-ce vraiment une bonne idée de lui poser? D'un autre côté à qui devait-il demander à part lui? Mais étrangement, Nika le sentait mal comme s'il ne fallait pas le poser, elle retourna son regard vers le professeur qui semblait tétanisé. Il semblait caché quelque chose et semblait se battre. Elle ne savait pas de quoi, elle ne savait pas ce qui se passait mais ce qu'elle savait c'était que son coeur se serrait d'inquiétude et de nervosité à le voir. Rapidement, la jeune femme sursauté en entendant quelqu'un toqué à la porte. Il y avait quelqu'un d'autre? La réponse fut vite répondue quand un jeune homme aux cheveux blonds entra. Celui-ci n'avait même pas pris la peine de jeter un regard au professeur ou de lui saluer et s'était rapidement mis devant. Sans doute pour être éloignée des autres qu'autre chose. Son entrée avait interrompu un peu le "flow" de la salle mais avait bien calmé la jeune fille. Elle prit calmement son souffle avant de regarder à nouveau ce fameux Kazuma pù on pouvait voir son expression devenir de pire en pire, elle ne put donc s'empêcher de levait la main en se levant légèrement de sa chaise afin de poser sa question sans attendre sa permission.

" Monsieur.. Vous allez bien? Avez vous besoin d'aller à l'infirmerie? "

Sa voix était emprunte d'inquiétude et bien que son expression restait neutre, son regard exprimait lui aussi l'anxiété au regard de Kazuma. Les réactions du professeur étaient plus qu'étrange, la nervosité était possible mais à ce point? Ils étaient peu, alors pourquoi cette crainte? Certains idées lui passèrent donc par la tête.. Comme, peut-être qu'il prends de la drogue, ou que cette représentation allait beaucoup jouer sur sa vie ou.... Il y avait pas mal de possibilité mais ce qui était sûre, c'était qu'il avait besoin, c'était de se calmer.

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Quelques commentaires commençaient à se faire dans le fond. De simple salut surement. Je ne devais pas m'inquiéter pour si peu. Il ne pouvait pas déjà parler de moi. Non. J'essayais encore de me convaincre de la logique de mes propos. En vain. Je n'y arriverai certainement jamais. Mais je devais tenir bon. Oui, car je me devais de finir cette heure en un seul morceau. Drôle d'image. La flaque de sang me revint à l'esprit et j'eus une forte envie de vomir. Et si un nouvel élève n'était pas arrivé en retard, venant me changer un peu les idées, je crois que je n'aurais pu me retenir. Je me sentais en tout cas, plus pâle. Avec en plus mon aspect mouillé, je me demandais de quoi j'avais l'air. Je refoulais au plus vite cette pensée. Elle ne ferais qu'accentuer mon stress.

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Le nouvel élève entra sans un mot ni un regard, ce qui eut pour effet de me contrarier un peu. Mais après tout, c'était peut-être mieux ainsi. Je ne lui fis donc aucune remarque, de peur qu'il s’intéresse du coup un peu trop à moi. Je ne préférais pas attirer l'attention, même si le fait que je sois seul professeur, sur l'estrade, et devant toute la classe, me mettait en avant. D'ailleurs, même si je levais un peu la tête pour me donner un semblant d'assurance, je ne pouvais empêcher mon regard de se baisser et de balayer mon bureau.

*

Des questions se mirent finalement à être entendue. Pour mon plus grand bonheur, aucun des élèves n'attendis que je l’interroge et je n'eus donc pas besoin de lever mon regard vers eux. Je me concentrais donc pour me calmer.

« Est-ce votre première année en tant que professeur ? »

« Je.. Non.. Enfin oui, ici. »

Je crois que je n'avais pas été assez clair, mais personne ne semblait vraiment intéressé par ma réponse. D'ailleurs, l'élève qui m'avait posé la première enchaina avec une seconde :

« Qu'est-il arrivé à l'ancien professeur ? »

C'était une question pertinente, mais pouvais-je réellement y répondre ? La vérité était qu'Hiro était mon meilleur ami, et afin de ramener Kenji, il m'avait envoyé ici. Il avait de l'influence malgré ce que peut en supposer sa place, et il ne lésinait pas sur les moyens. Je n'étais pas vraiment au courant mais je crois qu'il s'était simplement arrangé afin de faire virer l'ancien professeur et ainsi libérer la place. Mais cela me semblait si loin. Je ne savais même plus pourquoi j'étais ici. Et que pouvais-je répondre ?

*

Après un assez long silence qui me mit clairement mal à l'aise je dû me résoudre à répondre quelque chose. Je n'allais pas prendre de risque et je tentais alors de me dédouaner de cette histoire.

« Je.. Enfin, il.. Non.. Je ne sais pas. Il a peut-être simplement décider de partir. Je ne sais rien. »

Je n'avais pas su trouver de réponse à temps et si le manque d'information continuait à les interroger, j’espérais au moins, qu'ils ne me rapprocheraient pas de cette histoire. Quelle idée idiote j'avais eus de les laisser me poser des questions ! Je m'attendais au rapport avec le programme, mais ils n'étaient pas bête et s’intéressaient aussi à la personne j'étais. Et comme j'avais honte de me tenir ici devant eux !

*

Une autre question, cette fois-ci posée par la voisine du premier élève à me questionner, m’interpella.

« Monsieur.. Vous allez bien? Avez vous besoin d'aller à l'infirmerie? »

C'est vrai que je devais avoir l'air effondré, mais je ne pensais pas recevoir une telle invitation. La situation était grave, je devais me reprendre ! Sous le coup de l'adrénaline et du stress causé sous la peur d'être jugé sur mon apparence, je levais les yeux sur la jeune fille et avec un large sourire forcé je répondis aussi assuré que je le pus :

« Tout vas bien ne t'inquiète pas.. Je.. J'ai peut-être attrapé froid mais rien de grave. »

Si cette explication était pour moi un mensonge incroyable à avaler, il avait tout de même une certaine logique : il faisait froid, il pleuvait des cordes et j'avais encore les cheveux mouillés ! Car ma chemise avait un peu séché entre temps. Et mes tremblements pouvaient aussi être attribués au froid. Décidément c'était une bonne excuse. Je me rassurais. Il était probable qu'un vrai observateur se moque de moi et remarque la supercherie au plus vite, mais je supposais que pour au moins la moitié d'entre eux, mes propos avait été, surement pour la première fois, cohérent.

*

Si je voulais réussir à changer de sujet pour me centrer un peu plus sur ce que je pouvais, en temps normal, maîtriser, je devais clore le sujet des questions. Hélas, je ne vis aucun autre moyen que de leur laisser une dernière chance.

« D'autres questions ? »

Je ne reviendrais pas dessus. Je devais attendre un peu, mais au plus vite, je tenterais de tourner cette situation à mon avantage. Car mes tremblements n'avaient pas encore totalement disparu, mon faux sourire exagéré s'était vite dissipé et qu'on pouvait surement entendre mon cœur battre beaucoup plus vite qu'il ne devrait.

Je n'avais pas vraiment fait attention à la réaction qu'avait eu le professeur à mon salut.
Quelque seconde après que je me sois assise, les questions commencèrent à fuser. Notamment par Satou qui n'arrêtait pas de parler.
Les réactions du professeur étaient plutôt étrange. Il avait l'air mal à l'aise ce qui peut être normal pour un premier jour mais à d'autre moment il semblait absent, comme perdu dans ses pensées.
Un élève que je ne connaissais pas arriva en retard.

*Décidément je ne connais pas grand monde dans ce pensionnat...*

Je reportai mon attention sur le professeur qui se débattait avec les questions. Je n'aimais pas trop voir les gens mal à l'aise car j'avais souvent envie d'intervenir et de casser l'ambiance tendu mais en classe ce n'était pas facile. Je décidai donc de me taire et d'attendre la suite.

« Est-ce votre première année en tant que professeur ? »

« Je.. Non.. Enfin oui, ici. »

Bon apparemment il avait déjà fait quelques cours, mais vu son état ça n'avait pas dû être la joie. Il avait peut être été traumatisé par ses précédentes classes.
Satou posa soudain une question sur l'ancien professeur.
Je ne l'avais jamais vu à cause de ma petite tendance à sécher les maths cependant on m'avait dit qu'il était assez charismatique et cool, pas du genre à laisser ses élèves en plan au milieu de l'année sans les prévenir.
Après réflexion il est vrai que cette disparition soudaine était plutôt étrange et manifestement le nouveau professeur n'en savais pas plus que nous.

Je me mis à chuchoter à Satou qui était devant moi, pour lui faire partager mes pensées sur cette affaire :

" Il a peut être été simplement muté mais c'est vrai que c'est bizarre... Tu l'as connu l'ancien professeur?"

En attendant sa réponse, je me suis rendue compte que le professeur était vraiment tout blanc et qu'une fille lui avait proposé d'aller à l'infirmerie ce qui, vu son état, n'était pas une mauvaise idée.
Il répondit que ça allait bien et que c'était juste un coup de froid.
Bon, nous ne sommes pas bête et on voyait bien qu'il y avait plus que ça, mais il voulait sûrement changer de sujet.

« D'autres questions ? »

J'avais vu juste et maintenant il nous regardait à moitié déterminé à garder la face et d'un autre côté en train de prier intérieurement pour que nous n'ayons pas d'autres questions personnelles.
Ce professeur m'était assez sympathique et j'allais avoir besoin de lui pour rattraper mon retard en maths je réfléchis donc à ce qui pourrait le sortir de là.

J'avais une question bidon de maths que je pourrais lui poser pour détourner l'attention des élèves de l'enseignant mais j'observai la classe, peut être que d'autre avait de vrai question je n'allait donc pas les en priver. J'attendis donc en essayant d'encourager le prof avec des ondes positives et un beau sourire.

Un nouvel élève arriva dans la classe. Il était en retard mais il ne s'excusa pas pour autant, il passa devant le professeur sans un mot. Mais il eut tout de même la décence de prendre une place au premier rang. Le nouveau prof' ne lui fit aucune remarque et je trouvais ça un peu étrange. Il n'avait pas l'air d'avoir beaucoup d'autorité de toute façon.

Alors que je mon attention se portait maintenant sur le garçon blond qui venait d'entrer, le professeur me rappela à lui quand il répondit à ma première question. C'est court et pas très clair, mais je crus comprendre qu'il avait déjà enseigné mais pas dans ce pensionnat. Il marqua alors un temps. Je ne savais pas s'il était en train de réfléchir à ma seconde question ou s'il attendait quelque chose. Mais après un assez long silence, il répondit à ma question. Je ne m'y attendais plus ! Il bégaya un peu puis finit par expliquer qu'il n'en savait rien. Mais je n'étais pas convaincu, on aurait plutôt dit qu'il savait mais qu'il ne voulait rien nous dire. Pourquoi ? Peut-être que je réfléchissais trop. Mais ce professeur était vraiment trop mal à l'aise, c'était plus que bizarre ! J'avais beau lui chercher des excuses, je n'en trouvais plus.

Ma réflexion fut finalement interrompu par Reira qui me chuchota ses pensées. Elle me dit que l'ancien prof' avait peut-être été muté, puis elle me demanda si je le connaissais. Je n'étais pas un élève qui pourrait être qualifié d'assidu mais j'allais tout de même en cours, je connaissais donc assez bien l'ancien professeur. Il était un peu strict mais très gentil et il nous parlait de temps en temps de sa vie en dehors de la pension, je trouvais donc étrange qu'il ne nous ait pas averti de son départ.. Reira incitait ma réflexion, et je lui fit donc part à mon tour de mes pensées :

Je le connaissais oui, et je suis presque certain qu'il nous aurait parlé de son départ..

Je marquais une pause. J'avais envie de rajouter « s'il était au courant ». Mais c'était trop avancé, alors je ne dis rien. Par contre je lui confiais mes impressions quant aux dires du nouveau prof' :

Le nouveau prof' semble au courant de quelque chose, je n'en suis pas sur, mais j'ai l'impression qu'il ne veut pas nous en parler.

Comme j'étais soudainement absorbé par ces évènements quelques peu étrange, je ne fis pas réellement attention à la question de ma voisine et à la réponse du professeur, mais je n'eus pas l'impression que c'était très important. Celui-ci enchaina alors en nous demandant si nous avions d'autres questions, et il semblait nous donner une dernière chance, mais pour quoi ? Il avait l'air pressé de changer de sujet. Je ne me risquai pas à une dernière question. Ma conversation avec Reira avait désormais tout mon intérêt.