Il faisait froid malgré le soleil. Bien que je sois habituée au froid de l'Angleterre, ce froid me semblait plus glacial. Je me réchauffai les mains en soufflant dessus. Cela faisait près d'un mois que j'avais '' déménagé '' de mon pays de natalité, mais je n'arrivais toujours pas à m'habituer au pays. Autant dans la langue et la lecture que dans les coutumes. Ce pays était bien différent de l’Angleterre. Lorsqu'on remercie quelqu'un, on doit faire une petite courbette et plein de petites choses de ce genre auxquelles je n'étais pas habituée. A vrai dire, pour le moment, je n'appréciais guère ce pays. Je me frottais mes mains glacées dans l'espoir de me les réchauffer un peu plus. Je m'arrêtais pour serrer très fort mon collier en forme de clé de Fa dans mes petites mains. Je portais un uniforme pour la première fois de ma vie, moi, qui ai eu une éducation chez moi. Je ne m'étais jamais lié d'amitié, sauf avec Raven, je manquais de confiance. J'essayais d'accepter que les choses changent, pourtant, ma gorge se serrait. J'avais envie de sangloter et de retourner à ces jours précédents où je me sentais libre comme un oiseau pouvant voler n'importe où. J'avais l'impression que tout autour de moi était sur le point de changer et que je ne pouvais plus revenir en arrière, à ces jours passés, que plus personne ne me donnerait ce peu de liberté que Raven avait pu m'offrir. Je murmurai :

« Good morning, Japan. Good bye, England. » même si cela faisait plus d'un mois que j'y étais.

Je soupirai devant le portail de l'académie, qui m'était inconnu, et dans laquelle j'allais être désormais étudiante. Cette académie, certes, était grande mais pas autant que le manoir où j'étais. J'étais sortis de la voiture il y avait de ça environ 5 minutes, accompagnée de deux « gardes du corps » que mes «  parents » avaient « envoyés » pour ne pas que je sois perturbée lors de mon premier jour. Je me sentais peu libre de mes mouvements. Je finis par demander aux gardes de me laisser seule, ce qu'ils refusèrent tout d'abord mais sous l'autorité de mes yeux, ils finirent par accepter. Je rentrai donc à l'intérieur de cette académie inconnue, essayant de considérer cela comme une nouvelle aventure.

J'essayais réellement d'être optimiste mais je n'y arrivais pas. Je ne voyais pas en quoi je pouvais être heureuse, ma seule liberté m'avait été enlevée, mon meilleur ami aussi, mon pays m'avait été volé également. Je n'avais plus rien. Je ne ressentais que du dégoût face au nouveau pays dans lequel j'étais. Pourtant, il fallait bien m'y habituer. A ma grande surprise, j'avais un énorme sourire aux lèvres, sûrement signe que je moquai de moi-même ou bien avais-je trouvé un espoir sans m'en rendre compte ? Je ne comprenais pas ma réaction, à vrai dire. Je soupirai et cherchai le Hall avec mes valises car j'étais en internat. Je comptais bien m'installer au plus vite dans ma chambre pour avoir un petit moment de repos. J'étais officiellement une élève, tous les papiers avaient été remplis. Je regardai s'il y avait une carte de l'académie quelque part dans la cour : sans succès. Autant dire que ça commençait bien. Il y avait un monde fou dans la cour mais je n'y faisais pas attention, je voulais trouver par moi-même. Je ne voulais questionner personne ni même prononcer le moindre mot. Je redoutais néanmoins de me cogner contre quelqu'un et de me faire une quelconque blessure, ça serait plutôt bête. Pourtant, il fallait que je demande mon chemin à quelqu'un. Je me retournai donc en essayant d'être le plus poli possible, en disant malgré mon accent anglais assez fâcheux à la première personne que je vis :

« Excusez-moi, pourriez-vous m'indiquer où est-ce que je dois déposer mes valises ? »

Je ne faisais pas attention au physique de la personne qui avait était en face de moi. Pour être honnête, je ne savais pas s'il s'agissait d'un extraterrestre venu d'une autre galaxie ou d'autres bêtises dans ce genre, d'un chat ou même d'un mur, car oui, j'étais bien capable de parler à un mur sans le vouloir. J'attendais simplement plus ou moins une réponse ne sachant pas si j'avais l'air ridicule de parler au vide ou si je parlais bien à un être humain. A cette idée, je ne pus m'empêcher d'afficher une esquisse de sourire. Je me sentais, en quelque sorte, libérée d'un énorme poids.

Reira était arrivée dans sa nouvelle ville quelques heures plus tôt.
Elle était habillée avec de grandes bottes, un jean simple et un poncho qui la coupait du froid.
Cependant elle n'était pas habituée à de telle température et frissonna.
Le vent frais lui faisait du bien et lui éclaircissait les idées.
Elle se dirigea en direction du pensionnat en trainant ses valises derrière elle, puis se mit à penser à sa nouvelle vie.

Depuis sa période adolescente, elle ne s'était jamais sentie chez elle quelque part. Bien qu'ayant vécu seule pendant deux ans, elle n'eut pas l'occasion de s'épanouir dans son environnement. Elle n'était pas arrivé à s'ouvrir à son entourage et bien que s'étant fait plein d'amis, elle n'avait personne sur qui vraiment compter.
Elle était donc un peu stressée de découvrir ce qui allait lui arriver à son arrivée au pensionnat.
Toutefois, son excitation et son enthousiasme habituel finirent par l'emporter et à son arrivée, devant le portail, Reira n'avait qu'une hâte : découvrir sa nouvelle maison.

La jeune fille observa la bâtisse qui était plutôt imposante. Elle n'était jamais allé dans un pensionnat auparavant car elle a toujours tenue à conserver son espace vitale. Et l'internat n'était pas le meilleur endroit pour ça!

Elle essaya de se réconforter :* Courage Reira, tu viens ici pour faire une nouvelle expérience, profites!*

Il y avait beaucoup de monde dans la cour et elle ne savait pas trop qui aborder.
Cela faisait bien 10 minutes qu'elle se tenait devant le portail sans se préoccuper du temps qui passait.
Elle se décida enfin à enter dans la cour, à la recherche d'une âme charitable qui pourrait la guider dans le pensionnat. Tout à coup, elle entendit une voix derrière elle.

Elle se retourna et vit une jeune fille qui n'avait pas vraiment l'air de venir du Japon. Cependant la chose qui la frappa le plus, c'était son attitude. En effet, la fille avait un petit sourire aux lèvres et le regard absent, comme si elle parlait pour elle-même ou à un esprit imaginaire, en tout cas, pas à elle. Elle décida d'ignorer cette attitude étrange, de toute façon, elle n'avait pas pour habitude de juger les gens comme ça. De plus c'était une question qui l’intéressait vu qu'elle ne savait pas non plus ou aller...


"Salut moi c'est Reira! Pour les affaires je ne sais pas non plus, je viens juste d'arriver."
" On peut chercher ensemble si tu veux? Tu t'appelle comment d'ailleurs?"

Finalement le stress de Reira n'avait pas duré longtemps, sa bonne humeur et sa tchatche habituelle avaient repris le dessus.

« Salut moi c'est Reira! Pour les affaires je ne sais pas non plus, je viens juste d'arriver. » disait une voix qui ne venait pas de l'endroit où je parlais mais derrière moi. Je me retournai donc avec pour confirmation que je parlais bien au mur. Voici la bonne manière de se ridiculiser devant quelqu'un. J'avais compris plus ou moins sa phrase, en tout cas, il s’agissait d'une fille avec un physique plutôt banal, celle-ci semblait avoir de l'énergie à revendre et avait décidément l'air de vouloir engager une conversation. J'étais décidément petite avec mes 1m58. Elle devait avoir au moins 5 centimètres de plus. Cette fille aux cheveux châtains ne semblait pas se préoccuper du comportement qui aurait été normalement « étrange ». Elle continua sa phrase. « On peut chercher ensemble si tu veux? Tu t'appelle comment d'ailleurs? » Ici, encore, j'avais compris plus ou moins sa phrase.

Je savais exactement quelle réponse donner mais seulement en anglais. En clair, le plus dur à faire était de transposer ma langue natale dans cette nouvelle langue que je connaissais peu. Je réfléchissais à ma phrase pendant une période assez longue pendant laquelle j'essayai de traduire. Mais pourquoi si cette fille venait d'arriver s'adressait à elle alors qu'elle savait très bien que je ne connaissais rien. Pourtant, elle voulait qu'on cherche à deux. Pourquoi pas ? De toutes les façons, les recherches seraient plus simples à deux. Le seul désavantage c'est que je serai amenée à parler, or, je détestais ça. Allez, il était temps de faire un effort minime. A présent, j'étais dans les mains du destin et je ne pouvais plus faire de retour en arrière. De toutes les façons, je pensais que l'écouter parler suffirait largement. Je lui répondis, en essayant d'éliminer mon accent anglais mais je fus obligée de placer une phrase en anglais que j'étais incapable de traduire en espérant que mon interlocuteur comprendrait, je ne dis cependant que le nécessaire :

« Bonjour, mademoiselle. Je m'appelle Echo Walker. I'm english, so I'm sorry if I don't speak Japanese very good. Cela ne me dérange de rechercher à deux, ça n'irait que plus vite. Quel est donc your name ? Je suis vraiment désolée de placer des mots anglais dans mes phrases, sincèrement.  »

Je me demandais si j'étais assez polie car on m'avait appris que dans la culture japonaise, il était important d'être poli. Je n'avais pas affiché de sourire car je n'en voyais pas l'intérêt et lorsque je me forçai, ça se voyait énormément. J'avais donc mon visage habituellement « froid » pour les gens qui ne me connaissent pas. Après cela, je devins complètement silencieuse. Je n'étais pas intimidée, ni même gênée, j'étais juste... Normale. J’examinai un peu plus la personne que j'avais devant moi pour me faire une petite idée de sa personnalité bien que je ne juge jamais sur les premières rencontres puis je finis par la fixer de mes yeux bleus, vous savez, ses yeux qui semblaient voir au plus profond de l'esprit de mon interlocuteur alors que ceci était totalement faux. Je ne savais ni qui était cette personne, ni son caractère. Rien. Je rapprochai ma valise de moi comme signe que j'étais prête à marcher dès qu'elle le souhaitait. Je ne m'étais pas rendu compte que pendant tout ce temps je tenais mon collier en forme de clé de Fa. Un coup de vent assez violent souffla, ce qui me fit pousser un léger cri à cause du froid que je ressentais. Plus vite on trouverait où aller, mieux ça serait. Peut-être avais-je l'air d'une fille issue de famille riche ? Après tout, c'est ce que j'étais. J'attendais donc une réponse patiemment.

La fille devant moi avait l'air un peu perdu et tout à coup elle se mit à parler en anglais J'étais surprise mais je comprenais mieux son comportement. Après tout si elle venait d’Angleterre ou des États-Unis cela devait vraiment lui faire étrange d'arriver dans un pays comme le Japon avec toutes ses traditions et la manière de vivre des habitants. Bien que je ne sois pas très riche, je travaillais beaucoup, et l'argent que je gagnais je le mettais dans les voyages. Cela me procurait de grandes bouffées d'air et j'adorais découvrir de nouvelle culture. Mon dernier voyage avait été en Turquie, que j'avais beaucoup appréciée par ailleurs.
J'aimais beaucoup la culture Japonaise mais je ne la respectais pas plus que ça. J'étais quelqu'un d'assez ouvert et n'en avais que faire de la politesse exagérée en vigueur au Japon. Je n'étais donc pas du tout offensé par le manque d'enthousiasme de la jeune fille et lui sourit.

Je m'efforçai de parler lentement: " Enchantée Echo moi c'est Reira Kashiwagi! Tu viens d'Angleterre? Je me débrouille en Anglais donc ne t'inquiète pas pour tes phrases. Je peux même parler en Anglais avec toi si cela t'aide? "

Un coup de vent souffla sur nous et Echo poussa un petit cri. C'est vrai qu'il faisait froid. Je ne pus m'empêcher de rire, pas pour me moquer loin de là mais plus par compassion. J'aimais sentir la sensation du vent sur moi. Mes cheveux partir dans tous les sens et tout à coup je me suis sentie très détendue et plus vraiment inquiète comme si le vent me faisait sentir chez moi.
Echo était vraiment petite et avait un beau collier en clé de Fa qui avait l'air très important pour elle.

" Tu es musicienne? "

Tout à coup une autre bourrasque nous arriva dessus et cette fois ci cela me fit frissonné.

" Cela t'irait si on allait s'abriter à l'intérieur, il commence vraiment à faire froid. "

Aujourd'hui, c'était un jour où les températures étaient négatives. Je m'en souviens que comme si c'était hier. J'écoutais en boucle la musique "Tonight" de TobyMac, dans le bus. D'ailleurs, je ne pouvais pas en profiter, vu que des enfants chahutaient près de moi. Les enfants, j'y étais habituée. Ma famille entière vit dans la même maison. Et puis, j'étais à peu près vers le milieu. Le plus grand enfant de notre famille a 21 ans, et c'est Akemi, mon frère. Il a toujours été très gentil avec moi. On jouait souvent ensemble, enfin, on joue toujours ensemble. Au moment où je vous parle, il est parti en Italie, pour découvrir une nouvelle culture. Je regardais désespérément par la fenêtre du bus, nous étions à mi-chemin du Pensionnat. C'était ma première année là-bas. Nous étions déjà en janvier, et pourtant, je me souvenais comme si c'était hier, de ma rentrée là-bas. Il faisait très chaud, même si c'était plus difficile à imaginer, vu que nous étions en Hiver. Soudain, mon regard fut attiré vers l'extérieur. Des flocons de neige commençaient à tomber. Je pensa alors : *Espérons seulement qu'il n'y aura pas de perturbations au niveau des transports*

La vue du Pensionnat envahit bientôt mon champ de vision. Je me voyais encore, en arrivant avec mon uniforme, et mes cheveux attachés en une seule tresse. Parfois mon hyperthymésie avait du bon. Cette faculté de se souvenir avec énormément de détails ce qu'il s'était passé dernièrement, ou même des années en arrière. Le bus s'arrêta, et je descendis, en disant au chauffeur :

- Merci de nous transporter chaque jour.

Et avant même d'entendre la réponse, je me précipita vers le portail du Pensionnat. Il y avait encore beaucoup d'élèves dans la cour. Je m'en souviens encore de cette journée dans ses moindres détails. J'étais vêtue de l'uniforme du Pensionnat. Mes cheveux étaient lâchés, avec un serre-tête noir. J'avais encore mis un short slim léger, assorti à l'uniforme, au cas où le vent fasse de sienne avec ma jupe. Je vis deux jeunes filles d'à peu près mon âge en train de discuter. L'une avait un accent anglais à couper au couteau, et une autre essayant désespérément de se faire comprendre. Elle parlait visiblement de l'endroit où il fallait déposer les affaires. Je me dirigea alors vers elles, et leur dit :

- Pour les affaires il faut que tu ailles dans le hall d'entré au bout de la cour. Ensuite, va à l'accueil, et demande dans quelle chambre tu te trouves. Il risque d'y avoir du monde, mais c'est normal, c'est comme ça chaque jour pour les nouveaux élèves. Quelle idiote ! J'allais oubliée de me présenter. Je m'appelle Korin Hitsugawa, et puis bienvenues ! J'espère vous avoir aidé toutes les deux !

La connaissance que je venais de faire me sourit. Apparemment mon manque d'enthousiasme ne la gênait pas. A vrai dire, l'impression qu'elle me donnait était celle d'une personne qui s'habituait à toutes les circonstances. Si quelqu'un d'autre m'avait vu en train de parler dans le vide, il n'oserait pas vraiment s'approcher. Or, elle, c'était différent. Sûrement qu'elle ne jugeait pas au premier abord. C'était quelqu'un de simple. Du moins, c'était mon impression. Elle m'adressa la parole plus lentement que la fois d'avant, ce qui m'aidait largement dans la compréhension.

« Enchantée Echo moi c'est Reira Kashiwagi! Tu viens d'Angleterre? Je me débrouille en Anglais donc ne t'inquiète pas pour tes phrases. Je peux même parler en Anglais avec toi si cela t'aide?" »

Alléluia, j'étais sauvée. Non, non, ce n'est parce qu'on dit ''Alléluia'' qu'on est religieux détrompez-vous mes chers enfants... Ou adultes, allez savoir. Bref. Je m'égare. Elle se débrouillait en anglais, ce qui me faciliterait la tâche, mais, comme je l'ai dit, je me devais de m'habituer à ce pays. De ce fait, je préférais parler Japonais malgré mon manque de vocabulaire assez flagrant. Cette fois je répondais très bien en Japonaise, chose dont j'étais fière. Je pris sur moi pour parler encore une fois, juste après le coup de vent qui m'avait fait pousser un cri. D'ailleurs celle-ci rigolait, sûrement à cause de ma réaction. Apparemment, le vent ne la dérangeait pas plus que ça, elle avait l'air détendue, au contraire.

« Exact, je viens d'an.... Comment vous prononcer ça ? Angleterre ? Enfin, vous avez compris, je pense. Ce n'est pas la peine de me parler Anglais, je me débrouillerais d'une façon ou d'une autre. » dis-je en soufflant une fois sur mes mains qui tenaient le collier en forme de Fa, je n'avais pas encore remarqué que je le tenais depuis tout ce temps. Après ceci, Reira me posa une question que je n'avais pas bien comprise, mais j'en avais deviné le sens.

« Tu es musicienne? »

Je me demandais pourquoi elle m'avait posé cette question. Puis, je m'aperçus que je tenais fermement le collier que mon meilleur ami, Raven, m'avait offert. Je le lâchai juste après la remarque que m'avait faite Reira. Je lui adressais un sourire, amusée par le lien qu'elle avait fait entre le collier et la musique. Je lui fis signe de non avec ma tête et j'allai m'apprêter à répondre lorsqu'une autre bourrasque de vent eut lieu. Je me suis aperçue que cette fois, elle frissonnait. Pour ma part, j'avais failli laisser échapper un autre cri mais je me contrôlai. Cette fois-ci, je retenais ma jupe pour éviter que certaines personnes voient des choses sans importance. J'essayai d'ouvrir les yeux dans cette bourrasque mais ceux-ci étaient hyper sensible à peine je les ouvrais, ils se refermaient. De plus, il fallait que je fasse attention à ne pas me déséquilibrer -oui parce que je n'ai aucun équilibre- pour éviter de tomber et de saigner comme un bœuf. La bourrasque se termina en quelques secondes puis je rouvris les yeux. Miracle, ceux-ci ne pleuraient pas, pour une fois. Après quelques instants Reira me demanda :

« Cela t'irait si on allait s'abriter à l'intérieur il commence vraiment à faire froid? »

Cette fois-ci, je n'avais pas du tout compris qu'est-ce qu'elle m'avait dit mis à part ''si on allait'',''froid'', ''intérieur". Bon, avec ça je n'allais pas avancer très loin. Bon et bien par déduction, je supposais qu'elle me demandait d'aller à l'intérieur. Je me contentai de hocher la tête. Je supposais que répondre aux deux questions qu'elle m'avait demandées n'était pas utile, ainsi je n'avais plus à parler pour le moment. J'allai me diriger vers le Hall et je commençai à rouler ma valise quand soudainement, j'entendis quelqu'un parler. Il s'agissait d'une fille. Oh, non, pitié, pitié, qu'elle ne me fasse pas parler. Parler à une seule personne c'est déjà assez embêtant mais à DEUX. Bon, c'était décidé. Je me décidai d'écouter les deux autres parler sans prononcer un mot, ainsi, ma présence ne serait -normalement- pas vraiment remarquée et je pourrais aller discrètement dans ma chambre... A moins que je n'ai des colocataires... Je laissai échapper un soupir à l'idée que je devrais discuter sans le vouloir.

- Pour les affaires il faut que tu ailles dans le hall d'entré au bout de la cour. Ensuite, va à l'accueil, et demande dans quelle chambre tu te trouves. Il risque d'y avoir du monde, mais c'est normal, c'est comme ça chaque jour pour les nouveaux élèves. Quelle idiote ! J'allais oubliée de me présenter. Je m'appelle Korin Hitsugawa, et puis bienvenues ! J'espère vous avoir aidé toutes les deux !

… BON. On va dire que j'ai compris l'essentiel dans ce pavé composé de 7 phrases prononcées en quelques secondes, sans aucune pause mis à part les virgules à l'écrit. Juste une chose à laquelle je pensais : What the Hell ?! J'allais devoir me présenter, c'était la moindre des politesses mais après on ne m’entendrait plus, c'est décidé. En plus, j'ai deux prénoms à mémoriser... Argh. Elle semblait avoir mon âge, elle avait les cheveux de la même couleurs que moi, en plus long, les yeux de la même couleur que moi, sa peau avait l'air aussi fragile que moi, largement plus grande que moi... Me rappelant....Me rappelant... Noise, ma jumelle. Je fus prise par un sentiment de dégoût énorme, je la fixai des mes yeux qui semblaient percevoir son esprit. J'essayai de m'enlever la vision de ma « jumelle » dès que je la voyais mais c'était plus fort que moi. Je me contentai de me mordre ma lèvre inférieur pour éviter de dire quoique ce soit de déplacer. Je me calmai puis je soupirai. J'espérai simplement que la fille à l'apparence de ma jumelle n'ait pas le même caractère. Je faisais attention à ce que mon dégoût ne soit pas visible. Je repris le collier en forme de clé de Fa dans mes mains, le serrant extrêmement fort. Il commençait à pleuvoir. Je devais absolument m'enlever l'idée de jumelle de ma tête, j'étais au Japon, plus en Angleterre.

« Echo BlackHope, enchantée. Merci pour l'indication. » j'allai me diriger vers le Hall puis je finis par m'arrêter et lui dire «  Au fait, si vous participiez au concours de qui-fait-le-plus-de-phrases-en-quelques-secondes, je parie que vous gagneriez haut la main. »

Spoiler:

Sa réaction me fit rire. Elle pensait certainement que je parlais vite, puisqu'elle n'est pas habituée au japonais. Enfin peut-être que je parlais vite aussi... Enfin, je m'en serais rendu compte, non ?

- Enchantée... Je parle si vite que ça ? dis-je d'un ton amusé. Je pense que vous devez mourir de froid toutes les deux, allons à l'intérieur !

Pourquoi parlais-je comme si j'étais déjà leur amie ? Je n'en savais rien, et même aujourd'hui, je n'en sais toujours rien. Mon IPod, rangé soigneusement dans ma valise. Ah ! Pour une fois, la rentrée scolaire avait du bon ! Pourtant, je remarquais le regard soupçonneux d'Echo. Pourquoi me regardait-elle comme ça ?

- Qu'es-qu'il y a ? J'ai quelque chose sur le visage ? Si tu ne m'apprécies pas, dis-le moi, je t'en voudrais pas.

Peut-être que c'était son casque avec des motifs de fleurs de cerisiers qui l'a gênait. Enfin quand même pas ! Il y a des limites ! Pendant que j'y pense encore, l'autre jeune fille n'a presque pas dit un mot depuis que je me suis légèrement incrusté. Je crois qu'elle n'en même pas dis un seul, c'est une certitude !

J'essayais de me réchauffer à l'intérieur quand une nouvelle venue arriva. Elle déblatéra deux phrases très rapidement et je me doutais que Echo n'avait pas dû tout comprendre.
Enfin, moi si mais je pensais que Echo voulait essayer de se débrouiller toute seule pour comprendre les autres donc je ne dis rien.
J'étais un peu dispersée à regardé la hall et le pensionnat qui allait être ma nouvelle maison je n'ai donc pas vraiment tilté que la nouvelle fille devait attendre que je réponde.
J'entendis vaguement la première réponse d'Echo et je m’apprêtais à me présenter à mon tour quand celle-ci fit une petite remarque piquante.

* Décidément elle a un drôle de caractère*

Je rigolais intérieurement me demandant comment Korin allait répondre.
Elle avait l'air d'avoir un comportement plutôt intense, nerveux mais pas vraiment méchante.
Elle demanda carrément de but en blanc si Echo ne l'aimait pas. Il faut dire qu'elle la regardait étrangement.
Avant que ça ne tourne au vinaigre j'ai décidé d'intervenir en ignorant le conflit.

" Salut salut, moi c'est Reira Kashiwagi enchantée et merci pour les indications ça va nous être bien utile! "

Je n'étais vraiment pas sure que ma remarque allait désamorcer la tension qui régnait je décidai donc d'expliquer le comportement d'Echo.

*Même si je ne la connais que depuis 10 minutes*

Je m'adressa à Korin.

" Tu sais elle vient d'Angleterre et a encore un peu de mal à comprendre donc si tu pouvais juste essayer de parler plus lentement cela l'aidera à mieux comprendre son entourage... Mais encore merci pour les infos! "

J’espérais que cela allait suffire pour détourner la discussion mais on me disait souvent que j'étais trop optimiste...

Quand la jeune Reira intervint, pensant que nous allions nous disputer, je lui adressai un joli sourire, et lui dit :

- J'avais quelque peu remarqué qu'elle venait d'un pays anglophone, mais c'est vrai que j'ai une petite tendance à parler vite. Et puis, pour les infos, c'est ma première année ici aussi, donc je peux t'indiquer certaines choses, mais pas tout. J'espère que nous nous entendrons bien toutes les trois !

Pourquoi avais-je lâché cette dernière phrase comme si nous étions colloc', je n'en savais encore rien. Mais il m'avait semblé avoir vu le nom de ces deux jeunes filles dans ma chambre. Je pensais que je devais certainement me tromper. Mais après un vague retour dans mes souvenirs, je vis bel et bien le nom de ces filles. *Il me semble avoir vu un air soupçonneux d'Echo lorsqu'elle m'a vu. Elle me parait aussi très froide, mais d'un autre côté, peut-être qu'elle a du mépris envers une personne qui me ressemble.*

Dans le hall, nous étions collées au radiateur. Pourquoi je restais à côté d'elles ? Parce que je n'avais rien d'autre à faire, car mes cours étaient déjà terminés. De plus, je me sentais bien en leur compagnie. Je retrouvais l'ambiance familiale quotidienne. En pensant à ma famille, je pensai alors directement à mon frère Akemi. Sa présence me manquait terriblement. Qu'allais-je faire sans lui ? C'était le seul à qui je me confiais lorsque j'avais un problème. C'était le seul qui me comprenait, malgré mon caractère bizarre. Je le considérais comme mon frère jumeau bien que l'on ait 5 ans d'écart. C'était un frère très gentil, qui jouait souvent avec moi. Il avait toujours de bons résultats, et m'aidait à faire mes devoirs. Il me passait des compilations de musiques lorsqu'il partait en week-end, pour que je me sente près de lui. Puis, d'un ton faussement innocent, je dis :

- Et si on allait voir si nous somme dans la même chambre ?

Je regardai toujours d'un air soupçonneux , que j'essayai désespérément de cacher, cette fille qui ressemblait tant à Noise, dont je n'arrivais tout simplement pas à relâcher mon regard. Celle-ci répliqua immédiatement en riant, ce qui me surpris un peu. Je remarquai également que Reira n'avait pas dit un seul mot depuis que cette fille avait commencé de parler. Je continuai de regarder fixement Korin, en la dévisageant. Elle avait sûrement remarqué mon regard qui maintenant m'était impossible de dissimuler. Elle rangeait son iPod, je remarquai qu'elle portait un casque avec des motifs de cerisiers, ce qui ne me dérangeait pas du tout. D'ailleurs, j'avais l'impression qu'elle nous parlait comme si nous étions des amies de longues dates. Puis, elle enchaîna avec une deuxième phrase, ayant remarqué mon regard soupçonneux :

Qu'est-qu'il y a ? J'ai quelque chose sur le visage ? Si tu ne m'apprécies pas, dis-le moi, je t'en voudrais pas.

Cette-fois ci, j'avais très bien compris. Ah, je donnais l'impression que je ne l'aimais pas. A vrai dire, vu la manière avec laquelle je la regardai c'était tout naturel. Ce n'était pas que je ne l'aimai pas mais simplement que je n'aimais pas la personne avec qui je la comparai. Autant dire que c'était deux personnes bien distinct aucun rapport l'une avec l'autre. Si j'avais fait une telle remarque à Noise, elle en aurait fait un scandale et je ne préférais pas imaginer les conséquences. Cette différence me fit esquisser un petit sourire. De toutes les façons, ce n'était pas comme si j'allais lui dire la vraie raison, je n'avais pas que ça à faire... Si répondais ça se limiterai à : « Pas vraiment. » chose que j'allai dire mais Reira, qui, jusque là n'avait pas parler, réagit et elle se présenta tout en remerciant Korin pour ses indications. Celle-ci pensait sûrement que ça allait mal se passer , or, je doutais que ça allait en être le cas. Elle essayait de me justifier, chose que j'appréciais par le fait que je n'aurai pas à parler ni à me justifier mais que je n'appréciais pas pour la simple raison que j'étais assez grande pour pouvoir exprimer ce que j'ai à dire. Il s'agissait de quelque chose d'assez contradictoire en réalité. Je décidai de fermer mon clapet pour ne pas refaire de remarque piquante afin de ne pas vexer mes interlocuteurs. « Le silence est d'or, la parole est d'argent » comme je dis bien souvent. Ainsi, je n'avais plus à parler pendant un certain moment. Korin lui avait répondu mais je n'avais fait guère attention à ce qu'elle disait : j'avais arrêté de la comparer à l'image qu'elle me rappelai. A vrai dire, je n'avais tilter que la dernière phrase.

«  J'espère que nous nous entendrons bien toutes les trois ! »

STOP. Attendez cinq secondes. Ça sonnait comme-ci nous étions colocataires, cependant je n'avais jamais entendu le mot « colocation » de la part des mes parents... Surement parce que je ne voulais pas entendre ce qu'ils me disaient. En réfléchissant bien, en temps normal, l'idée d'une coloc' me mettais mal à l'aise, cependant cette-fois ci ça ne me dérangeait pas, à vrai dire, c'était quelque chose qui m'importait peu. Nous nous rentâmes dans le hall et le premier réflexe que nous avions eu était celui de se coller contre les radiateurs, moi la première. J'avais l'impression que j'allai devenir un glaçon si je restai une seconde de plus sans me réchauffer. Je regardai mon collier en forme de clé de Fa sans réfléchir à quoique ce soit : je me vidais l'esprit. Je déplaçai mon collier par-ci ou par-là. Je finis par me rendre compte que personne n'avait prononcé un mot depuis que nous nous étions installées contre les radiateurs.

 «  Et si on allait voir si nous somme dans la même chambre ? » 

Cette idée me fit rire immédiatement. Je ne croyais pas que de telles coïncidences existaient, je ne pensais pas une seconde le fait que nous serions dans la même chambre, toutes les trois. Je hochai la tête parce que je ne pouvais plus parler : je riais trop. Non, je ne me moquais pas d'elle, simplement que ça me semblait improbable. Je finis par me calmer. Je répondis en anglais sans m'en rendre compte, sûrement à cause du rire. Ma taciturnité avait disparue juste à cet instant, du moins, on aurait dit.

« If you want. But I don't think it's really possible... A coincidence like this.. It's just impossible but we never know. So, let's go. »

Je me dirigeai vers l'accueil en me calmant, sûrement avec Korin et Reira qui me suivait. Je demandai à la femme que j'avais en face de moi avec qui j'étais et dans quelle chambre, j'avais réussit à formuler tout ça en Japonais, une fois de plus. J'en étais fière malgré mon gros accent anglais. Celle-ci me répondit :
« Vous êtes dans la chambre n°5 avec Hitsugawa Korin , Kashiwagi Reira et Lewis Mary. »

« … WHAT THE HELL ?!  » hurlai-je par surprise. J’aurai voulu me retenir mais je n'avais pas pu. Je finis par me calmer en me retournant devant elles et je dis «  Bon et bien... Entendons nous bien. »

J'ai suivi les deux filles. Apparemment la tension n'étais pas si tendue que je ne le pensais.
C'était des drôles de filles mais j'avais l'impression que je n'allais pas m'ennuyer ici et j'aimais bien ça!
On arriva à la réception et on découvrit que nous étions toutes les 3 dans la même chambre et également avec une certaine Mary.
Tout a coup Echo lâcha : "« … WHAT THE HELL ?!"

Je ne savais pas si c'était de bon augure mais bon avec elle je ne m'en formalisais pas trop.
Echo se retourna vers nous et nous dit

« Bon et bien... Entendons nous bien. »

Je ne savais pas quel était le degré d'ironie dans sa phrase mais je me mis à éclater de rire.
J'avais peut être l'air d'une folle mais j'avais l'impression que mon séjour au pensionnat ne serait pas de tout repos!

" Super les filles ! Oui, entendons-nous bien, et prenez bien soin de moi ( formalité japonaise) "

Je pris mes valises et me dirigeai en direction d'un couloir quand je me rendis compte que je ne savais toujours pas où j'allais! Je me retournai encore entrain de rigoler par la situation et ma boulette.

" C'est par où déjà? "

Autant dire que mon sens de l'orientation n'était pas très développé...