Il parait que je ne suis pas le genre de fille à passer inaperçue dans foule d'étudiants ?! Bon c'est vrai que du haut de mon mètre 65 je ne parais pas très intimidante. Je parais même très petite ma fois... Mais aucune raison de complexer pour ce genre de détails, car je possède une silhouette fine et élancée qui contribue à mettre en valeur les attributs qu'on pourrait me trouver...

Pour tout vous dire, je suis l'exact contraire de ma petite soeur. En effet, alors qu'elle se fiche réellement de ce à quoi elle peut ressembler, je ne peux sortir de chez moi sans avoir passé au moins une demi-heure devant la glace. Ce n'est pas que je suis superficielle ou quelque chose comme cela, c'est juste que c'est extrêmement simple pour moi de m'en occuper. Par exemple : mes cheveux sont naturellement lisses et doux, c'est pourquoi il me plait de mettre en valeur leur noirceur. Je pourrais dire pareil pour mes yeux. Ils demeurent une réellement fascination pour les membres de ma famille car ils passent du bleu-glace au bleu-vert lors de mes accès de colère. Mais ce ne sont que des détails après tout ! Comme mes lèvres vermeilles et ma bouche boudeuse, comme mon teint pâle et frais... Oui effectivement, je ne peux pas me plaindre. J'ai vraiment été gâtée par la nature... Et je crois que je peux remercier ma mère pour cela.

Par contre, voilà l'endroit où, selon les incessantes critiques de ma mère, tout se gâte. Mon style vestimentaire. Quel calvaire il a toujours été pour elle. C'est vrai que si la nature a été clémente avec moi, j'ai le don de ne pas faire attention à ce que je porte. Si parfois je me plais à porter des robes à jupes bouffantes ou des vêtements de marques, il est aussi vrai que, la plupart du temps je m'habille... Bizarrement. Pour être plus précise, je suis très adepte de vêtements gothiques. Les corset noir avec des rubans et toute leur panoplie me font rêver... Mais j'aime aussi me balader en jeans avec des t-shirt Disney ou des trucs que peu de gens oseraient porter... Oui, je suis un calvaire vestimentaire !

Ah ! J'ai faillit oublier ! J'ai un percing au labret que je devais souvent enlever lorsque j'étais encore à la maison car, bien sûr, mes parents n'étaient pas au courant - heureusement - de la présence de ce petit bout de métal incrusté dans le visage de leur fille. Et tant qu'on est dans l'illicite, vers l'âge de 14 ans je me suis faite faire un tatouage représentant deux ailes dans le dos. C'est original, mignon et surtout non connu de mes parents

L'aînée d'une fratrie doit souvent servir de modèle aux autres. C'est pourquoi je pourrais certainement vous paraitre inaccessible, intimidante... Mais vous comprendrez bien vite que tout n'est qu'artifices.

Durant mon enfance, alors que les autres gamins de mon âge s'amusaient à se rouler dans l'herbe, à jouer à cache-cache ... Bref, à vivre, je devais m'entraîner pour atteindre la perfection que mes parents attendaient de moi. Il fallait que je sois irréprochable en tout temps. Rien ne devait être à refaire ou à redire et vous imaginez, je pense, la pression qui pesait alors sur mes épaules. Mais alors que je me tuais à devenir parfaite, à obtenir toujours les meilleurs notes et tout le reste, je me suis rendu compte que celle pour qui je devais être parfaite dans l'histoire, ma soeur, ne copiait que ce que je faisais mal... Elle admirait ce que j'étais vraiment et non pas ce que mes parents voulaient que je sois. C'est pourquoi, grâce à elle, je commençais à me rendre compte de qui j'étais vraiment. Certes, je devais continuer de jouer la parfaite, mais quand nous étions seules, je me détendais. Je lui appris ma passion pour la musique et je jouais avec elle afin d'essayer d'annuler la tristesse qui semblait toujours présente dans son regard.

C'est à l'adolescence que tout se chamboula dans ma tête. Ce fut comme une révélation pour moi. Alors que j'avais dû obéir à des ordres durant toute mon enfance, je commençais à remettre en question l'autorité de mes parents, à me rebeller. Je me vengeais sur eux de toute l'affection qu'ils ne m'avaient jamais donnée, des punitions trop dures qu'ils m'avaient infligées,de l'éducation trop stricte dont j'avais été la victime...

Et c'est ainsi qu'une éducation peut changer le cours d'une vie. Aujourd'hui, il est vraiment dur de m'ordonner quelque chose qui me semble inutile ou illégitime. Je me méfie des gens trop sympathiques de peur qu'ils ne soient ainsi que par intérêt... Oui... Je suis devenue distante et fermée. Mais, malgré tout cela, il demeure une partie en moi qui hurle, qui est sans arrêt insatisfaite. Qui aimerait de l'affection, de l'amour ou peut-être juste de la compassion... La vérité c'est que je ne suis ni parfaite, ni forte, comme je me tue à vous le faire croire. Je suis juste une fille normale, détruite à la base par ses propres parents. Mais je n'en reste pas moins une amie loyale, passionée et drôle. Je crois...

Notre histoire commence le 14 février 1995. Madame Kamya est dans la salle d'accouchement depuis bientôt neuf heures et enfin la première héritière directe de la famille daigne montrer le bout de son nez. Voilà la petite Sen Kamya. Elle est à peine née que ses parents lui désirent déjà un avenir brillant. Mais la jeune Sen ne demeura pas longtemps fille unique. Après seulement un an, elle se retrouva grande soeur d'une jolie petite fille : Évelyne. Les deux jeunes filles grandirent ensemble, bénéficiant des soins de très bonnes nounous, car "malheureusement" pour elles, leurs parents avaient des choses bien plus importantes à faire que de s'occuper de bébés qui pleurent et qui ne dorment pas la nuit. Tout aurait pu continuer ainsi dans le meilleur des mondes.... Mais le bonheur n'est pas éternel, encore moins ses deux soeurs. Une fois que Sen fut en âge d'apprendre quoi que ce soit, sa mère, jusque-là absente dans leur vie, repris son rôle lui imposant des leçons de bonne conduite. C'était fort horrible pour la jeune fille qui ne voulait que s'amuser. Sa soeur, elle, observait ses faits et gestes et tout n'était vraiment pas rose. Évelyne ne voulait surtout pas grandir si c'était pour apprendre ce genre de chose. Mais Sen devait plus tard reprendre l'affaire de la famille et c'était donc elle qui était ciblée. Évelyne se faisait oublier par ses propres parents et seule la nounou s'en occupait. Mais en voyant que l'on ne s'occupait pas d'elle, la jeune fille devenue de moins en moins vive et devenait de plus en plus muette au fur et à mesure que les jours passaient. Mais fort heureusement, Sen allait voir souvent sa petite soeur pour lui montrer qu'elle n'était pas seule et même si elle devait rater des cours ou désobéir à leur mère, elle ne laisserait pas Évelyne comme ça. C'est ainsi qu'après un bon bout de temps, vers leurs 11 ans, leur mère décida de les séparer. Évelyne fut envoyée en internat tandis que Sen restait à la demeure à se faire instruire par un professeur particulier. C'est à partir de là que tout basculait pour les deux jeunes filles mais surtout Évelyne qui perdit gout à la vie en seulement quelques jours séparée de sa soeur bien-aimée. Les deux soeurs ne supportèrent pas bien longtemps cette situation. Que ce soit Évelyne qui tombait lentement dans une dépression presque morbide ou Sen qui commençait à devenir violente et à tout contester, leurs parents se rendirent bien vite compte que ça n'avait pas été une très bonne idée. C'est ainsi qu'après deux ans de folie totale, les deux soeurs furent enfin réunies. Elles en étaient d'ailleurs folles de joie. Mais, pour Sen qui entrait alors à peine dans l'adolescence, une révélation se fit. Elle ne voulait plus de cette fille de servage. Personne n'avait le droit de lui donner des ordres. Et personne n'avait le droit de faire du mal à sa soeur. D'ailleurs, Évelyne une fois revenu de l'internat avait vraiment l'air d'un zombi. Elle n'avait aucun sourire, dans son regard se lisait aucun sentiment faisant référence à une quelconque joie. Elle était tout de même très heureuse d'avoir retrouvé sa soeur qui lui demanda de ses nouvelles et se racontait tout sur tout. Pendant ses 2 ans, il s'était passer plein de choses plus ou moins horrible. Évelyne avait commencé à fumer et c'était bien malheureux pour son âge. La famille allait vraiment partir en cacahuète à partir de ce moment. Sen et Évelyne vivaient alors un véritable cauchemar. Leurs parents, qui avaient comme projet d'avoir un autre enfant, les laissaient complètement à l'abandon sans oublier de venir leur rendre la vie difficile à intervalles réguliers. Un an et demi passa sans que les filles n'osèrent rien dire ou faire : Évelyne avait peur d'aller encore moins bien et Sen avait peur de rendre la vie de sa soeur encore plus compliquée. Mais un jour, la mère des deux filles gifla Évelyne et s'en fut trop pour Sen qui se rappela de la promesse qu'elle s'était faite. Elle s'interposa et, depuis ce jour-là, elle s'arrangea pour rendre la vie de ses parents impossible. C'était une vraie petite guéguerre entre les parents et les jeunes filles. Même si elles étaient souvent punies, ça leur faisait du bien de ne pas se laisser faire. Évelyne restait tout de même souvent silencieuse et n'avait jamais l'air très joyeux même pas du tout. Le temps passait et, alors que Évelyne avait 16 ans et Sen 17, celle-ci décida que s'en était de trop. Il était temps de changer d'air. C'est alors qu'elle eut l'idée de vouloir aller dans une école. Un pensionnat plus exactement et, en compagnie de sa soeur. Elle voulait tout faire pour qu'elle aille mieux. Évelyne était d'accord, de toute manière, elle préférait aller dans cet endroit que de rester ici avec leurs parents. Sans grande surprise, leurs parents acceptèrent de bon coeur. Ils allaient enfin pouvoir vivre la vie qu'ils souhaitaient avec des enfants dignes d'eux. Les deux jeunes filles s'en allèrent alors sans aucun regret, en direction de ce fameux pensionnat après avoir été inscritent.