C'était une de ces journées où Ichi, bien que ne sachant pas d'où venait ce sentiment, ressentait une euphorie rare. Allez savoir, peut-être était-ce le changement d'environnement, elle qui avait toujours voulu voyager, elle devait au moins avoir fait trois kilomètres pour venir ici (en tout cas, pour elle, ça paraissait déjà pas mal). Le soleil était doux et l'environnement s'animait autour d'elle, c'était pile le genre de journées pendant lesquelles on aimerait rester dehors, sous un arbre, en prenant un livre (mais c'est juste pour l'image, rien n'oblige de le lire vraiment) en regardant l'herbe se faire caresser par le vent, les quelques animaux et les quelques insectes que l'on puisse distinguer se chamailler... Mais en tout cas, sûrement pas passer son temps enfermé.

Seulement, c'était la rentrée, alors elle devait bien s'accommoder de la situation. D'un pas plein d'entrain, elle avançait dans le grand hall de sa nouvelle école. C'était bien plus animé qu'à l'extérieur, certains devaient préférer l'air oppressant du cursus scolaire à la douceur d'un jour baigné par le soleil et la bonne humeur. Elle baladait son regard entre les élèves, en pleines discussions sûrement vitales pour la continuité de leur vie et les professeurs, ces êtres sadiques qui aiment à causer du mal à leurs pupilles.

Tout d'un coup, Ichi commença à penser (et c'est déjà assez rare pour être un événement en soit) à la disposition des salles du pensionnat, en effet, il lui était impossible de se remémorer où pouvait bien se trouver ne serait-ce que les chambres, il lui était d'ailleurs, plus largement, impossible de se rappeler si on le lui avait déjà annoncé. Même si la jeune lycéenne avait un goût pour l'évasion et que l'un de ses rêves serait de se perdre dans une forêt luxuriante pour prétexter à la vie d'ermite (même si le tout est fortement exagéré), elle ne voulait pas perdre ses repères dans un établissement scolaire. Heureusement pour elle, un jour quelqu'un avait eut la bonne idée d'inventer des mots, et avec eux, la conversation pouvait naître, ainsi la nouvelle pensionnaire sonda une nouvelle fois le hall pour trouver quelqu'un qui de visage serait digne de confiance (car même si l'habit ne fait pas le moine, on préfère toujours tomber sur quelqu'un qui semble innocent que sur le visage cicatrisé et froncé qui nous paraît être celui d'un psychopathe.) 

Son regard s'arrêta sur une fille qui passait non loin devant elle (ainsi, la marche serait plus courte) et elle l'avertit de sa présence d'un signe de la main avant de faire les quelques douloureux pas qui la séparaient de son interlocutrice. Elle engagea ainsi la conversation :

- Bonjour, je... Je suis nouvelle, et impossible de me souvenir où se trouve les chambres, dit-elle en déplaçant sa main derrière sa tête pour se la gratter nerveusement, serais-tu où elles sont ?

Puis, finalement, plutôt que de seulement connaître l'architecture du bâtiment, elle allait passer un peu de temps pour faire connaissance. Ainsi, elle déposa son sac à terre comme pour dire que la conversation allait continuer après la réponse à cette question ô combien vitale.

Mes premières rencontres s'étant fait totalement au hasard, voilà que j'arrivais enfin devant le pensionnat où je ne tomberais pas "par hasard" sur des élèves. Il me fallut un instant pour bien intégrer le paysage. Exactement la même que dans le papier publicitaire. Voilà ma nouvelle maison. J'avais tout de même un peu de mal à me persuader, bien que cette pension me semblait ravissante, que l'air était chaud et que cette journée était plutôt bien commencée, il me fallait du courage. Je pris une minute, avant de franchir cet immense portail, portant ma valise à ma main droite. Un chemin menait directement dans l'un des bâtiments et je le pris sans plus réfléchir. J'avais auparavant visité le site de ce qui allait être mon nouveau lycée et domicile, et avec ma mémoire excellente, je connaissais maintenant le plan par cœur. Je me dirigeai donc vers le hall. Il n'y avait pas grand monde à l’extérieur et je me dis qu'au moins, cela faciliterai mes déplacements. Mais j'avais tort. A travers les fenêtres je découvris la foule. Je n'arrêtai pas ma marche pour autant mais j'étais quelque peu troublée.
J'ouvris la porte avec un peu de difficulté, n'ayant pas pris la peine de la posée. Un jeune homme m'ouvrit finalement la porte et la tînt ouverte le temps que je passe. Il m'avait sourit gentiment mais était reparti en direction de son groupe d'amis. Il n'était pas là pour engager la conversation, ce qui, finalement, ne gênait pas plus que ça. Je n'avais besoin de personne pour trouver ma chambre. Et plus vite je la trouverais, plus vite je me débarrasserai de ma valise si encombrante.
Alors que je traversais le hall d'un pas qui essayait d'être confiant, une jeune fille m'interpella. Je m'arrêtai net. Qui était-elle ? Que voulait-elle ? Elle semblait plutôt de bonne humeur et prête à parler. Elle était plutôt belle avec ses longs cheveux noirs. Mon regard s'adoucit.

« Bonjour, je... Je suis nouvelle, et impossible de me souvenir où se trouve les chambres, serais-tu où elles sont ? »

Placé comme je l'étais elle n'avait pas vu ma valise. Mais bien que je sois tout aussi nouvelle qu'elle je savais bien où étaient les chambres, je pourrai la conduire. Je me tenais prête à repartir, quand je vis qu'elle avait posé son sac à terre. Cela me troubla. En fixant son sac je finis par un répondre un peu perturbée :

« Je suis nouvelle aussi, mais oui je sais où elles sont et je peux t'y conduire... Si tu veux. »

Je finis par reposer mon regard sur la jeune fille, alors je lui montrai ma valise noire, comme pour appuyer mes dires. Mais je n'osais pas la poser, allons-nous repartir ou voulait-elle bavarder ici ? Je n'étais sûre de rien.

Ichi avait un peu peur de ne pas entendre ce qu'on allait lui répondre, le hall de l'école était assez bruyant, mais après tout, ses oreilles fonctionnaient à peu près bien et quelques paroles, même si certaines semblaient être échangées par deux personnes chacune à deux extrêmes différents de la salle, ne devaient pas lui nuire plus que cela. Elle regardait donc d'un air plus apaisée son interlocutrice quand celle-ci se décida à répondre : 

« Je suis nouvelle aussi, mais oui je sais où elles sont et je peux t'y conduire... Si tu veux. »

Ichi regardait la fille avec un léger sourire, elle était bien contente de tomber sur une de ses semblables (car oui, selon la jeune lycéenne, les lycéens qui sont dans un établissement plus longtemps que d'autres font forcement parti d'une race à part, avec qui, il n'est jamais très bon d'avoir de longues conversations). La jeune Aoki regarda la valise de sa future amie (pour elle, c'était assez facile de se décider sur ce genre de choses, et généralement, quand elle disait que quelqu'un serait sa future amie, elle ne se trompait que rarement) avant de s'empresser de poser une question capitale qu'elle avait omis :

- Au fait, comment est-ce que tu t'appelles ? Oh, et pour les chambres, on ira après, d'accord ?

La fille, dont elle ne connaissait pas encore le nom, ne posait pas sa valise, Ichi ne savait donc pas vraiment comment réagir, elle n'osait pas parler pour ce genre de choses, c'était une conversation de sourd. Il ne faut pas mettre des paroles inutiles dans ces batailles gestuelles. Alors, Ichi reprit son sac avant de le poser de nouveau en penchant sa tête, sourire inclus. Elle était décidée, elle ne voulait pas vraiment bouger, c'était déjà assez dur de faire une chose pour la jeune lycéenne, alors parler et marcher... C'était sans espoir.

Finalement, la conversation n'allait pas beaucoup évoluer avec une question aussi simple et banale, et l'amitié n'était pas sûr de résulter de ce genre de confrontations (car en effet, pour Ichi, l'amitié, c'est toujours une escarmouche entre quelqu'un qui veut se faire un copain ou une copine, et une autre qui n'en à rien à faire). Du coup, elle cherchait ce qui serait intéressant de dire... Les goûts de la lycéenne en face d'elle lui étaient totalement inconnus, et bien sûr, le sujet était donc déjà tout trouvé :

- Au fait, qu'est-ce que tu aimes faire dans la vie ?

Certes, elle n'aimait pas vraiment ce genre de questions qui selon elle ressemblait plus à un genre de speed dating qu'à une réelle question d'amitié, mais cela lui semblait pour le moment être la meilleure stratégie à adopter face à son adversaire. En effet, c'était Ichi qui voulait conquérir le cœur de son ennemi pour qu'il en éprouve de l'amitié, mais c'était presque vain. La combattante avait les armes et elle n'avait que sa bouche, cependant, elle allait réussir !

Ichi souriait pour essayer d'adoucir la situation et surtout la lycéenne en face d'elle qui semblait un peu désorientée jusqu'à maintenant.

Mon hésitation devait se lire sur mon visage car je compris que la jeune fille essayait de me mettre en confiance. Chose qui serait difficile pour elle d'atteindre. Mais ce n'est pas parce que je ne peux accorder ma confiance à personne que je ne peux pas avoir d'amis. Et cette fille qui semblait en chercher me faisait pour l'instant bonne impression. Alors que je me perdais dans mes pensées dans une analyse de cette jeune fille, elle me ramena à la réalité. Je l’entendis me demander :

« Au fait, comment est-ce que tu t'appelles ? Oh, et pour les chambres, on ira après, d'accord ? »

Je suppose qu'en temps normal, il était évident de se présenter. Je me sentais ailleurs et un peu mal à l'aise. Parler avec les gens n'était pas mon fort et je sentais que là, j'allais devoir faire la conversation. Puisque nous allions rester dans cette salle bondée, je finis par me décider à poser ma valise à terre. Signalant que je resterais avec elle quelques instants de plus.

« Orihime Nami. »

Je souriais légèrement afin de lui montrer que ma brève réponse n'était pas due à une mauvaise humeur. Je ne savais pas quoi dire, c'est tout. Et le "et toi ?" était évidemment compris, je n'avais donc pas pris la peine de le mentionner. Allait-elle m'en vouloir ? J’espérais que non, j'aimerais bien, moi aussi, me familiariser avec du monde. Quelques personnes au moins. Je devrais faire un peu plus d'efforts pour être sociale surement.
Je me faisais toute une réflexion sur mon comportement que je n'arrivais à contrôler à ma guise et sur quelques conseils que je devrais suivre, quand de nouveau, la voix calme de la jeune fille me rappela :

« Au fait, qu'est-ce que tu aimes faire dans la vie ? »

Drôle de question. Je me demandais ce qu'elle pouvait bien attendre de moi. Je suppose que je devrais répondre quelque chose comme "les poneys, la mer et surtout les beaux garçons !" et rigoler un peu. Mais je n'aimais ni les poneys, ni la mer, ni même les garçons. Alors avec un peu d'hésitation je finis par répondre quelque chose d'incroyablement stupide. Mais qui était vrai.

« Les maths. Parce que j'ai des facilitées. »

J'avais hoché la tête comme si j'étais fière de moi. En fait, c'était un peu vrai, j'étais fière d'avoir trouvé une réponse. Certes il y avait mieux, mais on était deux lycéennes, dans un lycée, quelle échappatoire avais-je de mieux que de parler des cours ?
Et puis c'était un sujet bien plus utile que les poneys, la mer, ou les garçons : si elle avait des difficultés en maths, elle savait, dès maintenant, qu'elle aurait quelqu'un vers qui se tourner. Plus j'y pensais plus je trouvais que j'avais bien répondu. Je pouvais me demander maintenant ce que, elle, allait me répondre.

« Orihime Nami. » Dit-elle, suivis d'un sourire.

Ichi était contente, certes elle ne venait pas de trouver la source du bonheur éternel où la réponse à la création de l'univers et du reste, mais elle avait réussi à soutirer le nom d'une personne qui semblait au premier abord ne pas vraiment être à l'aise en communauté. Et à vrai dire, Ichi la comprenait, on peut bien évidement ne pas être sans arrêt en entrain de parler... Son père avait une devise toute faite, qui marchait aussi bien sur ce sujet que n'importe quel autre d'ailleurs : ça sert à rien. Certes, sa philosophie de la vie s'arrêtait là et c'était probablement le signe précurseur d'un nihilisme complet, mais on ne pouvait pas lui enlevé qu'il y avait sûrement une part de vérité là-dedans.

Ichi retournait le sourire à la belle lycéenne devant elle, avant de s'approcher de la valise de cette dernière pour la lever, en effet, la lycéenne était si curieuse que même le fait de voir un sac, ou autre chose, sans en savoir le poids, lui torturait l'esprit. Si elle ne l'avait pas fait, cela l'aurait sûrement empêchée de dormir (oui, il y a peut-être, là encore, une part d'exagération et il y a un grand décalage entre ce que la lycéenne pense et ce qui se passe réellement, d'ailleurs, plus largement, il y a un grand décalage entre elle et le reste du monde connu.)

La question ne lui était pas retourné, du coup, elle ne savait pas vraiment comment réagir, elle continuait de sourire comme une idiote lorsque, au bout d'un moment, elle se décida à forcer le passage :

- Moi, c'est Aoki, Aoki Ichi.

Après cela, la voix de sa partenaire de communication se fit entendre à nouveau :

« Les maths. Parce que j'ai des facilitées. »

Alors elle aimait les maths... Ichi aimait à apprendre les choses de l'école généralement, les maths n'avaient jamais été spécialement une des matières à laquelle elle s'attachait le plus, donc c'était une bonne chose de savoir... Mais elle n'était pas du genre à quémander de l'aide pour ses devoirs, ni pour les révisions d'ailleurs (à vrai dire, elle n'était que du genre à quémander de la nourriture, ce qui est tout à fait différent mais qui est loin d'être mieux).

Finalement, aucunes des questions ne lui étaient retournées, elle se demandait si elle paraîtrait lourde et vulgaire si elle y répondait quand même. Comme souvent quand elle est gênée, Ichi fit donc un pas vers sa camarade, en souriant, généralement, cela avait pour but de gêner, et ainsi, ça lui faisait oublier sa frustration (certes, c'est une drôle de technique, mais qu'attendez vous d'une fille qui quémande de la nourriture plutôt que du savoir ?).

Puis, pensant que cela n'allait pas avoir beaucoup d'effet sur l'amitié qu'elle essayait de créer, elle se dit qu'il valait mieux relancer quelque chose, alors, sans réfléchir vraiment, elle dévia, comme souvent, sur son sujet fétiche. 

- J'adore le kimchi, dis, tu aimes manger quoi ?

Le visage d'Ichi était plus décontracté quand on parlait de nourriture. Maintenant, elle était proche de Nami, avec un sourire et un visage doux, cela ressemblait à un début de câlin forcé que la petite lycéenne semblait vouloir mettre à exécution, du coup, elle recula juste un peu, pour dissiper tout malentendu.

Je me demandais si mon sourire suffirait à lui faire comprendre que, même si je parlais peu, je ne voulais pas la faire fuir, lorsque je vis qu'elle me rendit mon sourire. Cela me rassura, je ne me sentais plus autant obliger de parler, bien que, je le savais bien, je n'y couperai pas. Surtout pour une première rencontre. Mais cette impression de dura pas longtemps, bien que la jeune fille me souriait, elle ne se décida pas tout de suite à parler. Je m'en voulais de ne pas lui avoir retourné la question. J'hésitai à parler lorsque je la vis se rapprocher et soulever ma valise. C'était plutôt étrange comme scène mais c'était drôle. Et curieusement cela me mit à l'aise.
Finalement, mon interlocutrice finit par se présenter :

« Moi, c'est Aoki, Aoki Ichi. »

Son nom et son prénom étaient courts, ils lui allaient bien.
Lorsque je me mis à lui parler des maths, le silence s'installa. Parler des cours était chez moi un sujet de conversation très récurrent mais apparemment cela ne plaisait pas à tout le monde. Je crois qu'il n'y a que moi d'ailleurs pour engager une conversation, un jour de rentrée, sur les cours. Peut-être aussi, plus simplement, qu'elle n'aimait pas les maths. Je me reprochais cette fois de n'avoir pas pu trouver une autre réponse que celle-ci, lorsqu'elle s'approcha un peu plus de moi. J'étais très tactile, je dois bien l'avouer, surtout lorsque les filles semblent être douces et fragiles, mais c'était tout de même la première fois qu'on se parler, et cela me gêna un peu, mais pas pour moi, non, pour elle. Mais avec mon visage légèrement souriant, je ne montrai rien. Je me demandais tout de même si elle était tactile aussi ou si, plus largement, elle aimait les filles. J'étais plus qu'ouverte sur ce sujet, mais encore une fois, il n'était certainement pas à aborder en premier lieu. Dans une salle bondée qui plus est, ne l'oublions pas.
Alors que je ne m'y attendais pas, elle répondit à la question qu'elle m'avait posé quelques instants plus tard :

« J'adore le kimchi, dis, tu aimes manger quoi ? »

La nourriture ? Et bien, si le sujet était lancé, j'avais bien des choses à dire ! En excellente cuisinière, c'était effectivement quelque chose que j'adorais. Mais singulièrement, je préférais cuisiner plutôt que manger. Après quelques secondes d'intense réflexion sur la question posée, je finis par me décider à répondre. Malgré moi, mon ton était un peu enjoué.

« Ce que j'aime vraiment, c'est les taiyakis. Surtout ceux en forme de poisson. Petite, ma mère m'en achetait souvent. »

Je marquais une petite pause. Les souvenirs de ma mère n'étaient pas nombreux, mais celui-ci était heureux. L'ombre d'un sourire planait tristement sur mes lèvres. J'étais passé d'un ton enjoué à un ton plus calme et me mesuré. Je ne laissai pas le temps à Ichi de répondre, je voulais finir sur une bonne note qui me semblait bien plus importante qu'elle ne devait l'être vraiment en fait.

« La tête surtout, c'est le meilleur. »

Je la mangeais toujours en premier car, si je commençais par la queue, cela me faisait de la peine de voir ce poisson mutilé. Ce sont des souvenirs flou, mais heureux. Je devenais nostalgique et l'envie d'en manger de nouveau me pris. Mais cela serait bien triste aujourd'hui.

Ichi avait une bonne impression sur la fille en face d'elle, déjà, elle appréciait les rencontres et encore plus de ce genre là. Deux inconnus qui se parlent sans intermédiaire, c'était pour elle le meilleur genre de rencontres du monde (même si, en règle générale, elle se fichait un peu de ce genre de choses, elle aimait faire comme si elle en tenait compte, allez la comprendre...). Elle souriait de plus belle, l'euphorie qu'elle avait eu en entrant remonta en elle sans aucune explication une nouvelle fois, alors elle souriait encore et toujours (ce qui n'était de toute façon pas vraiment rare avec elle.)

« Ce que j'aime vraiment, c'est les taiyakis. Surtout ceux en forme de poisson. Petite, ma mère m'en achetait souvent. »

C'était dit, et maintenant la jeune Aoki pensait... (c'était la deuxième fois dans la journée, quelle incroyable performance). Elle pensait à quel bonheur ce serait d'en avoir, là, des taiyakis, et de pouvoir les déguster tranquillement. Pour mieux se servir de son imagination, Ichi ferma les yeux un court instant avant de s'empresser de répondre : 

- Moi aussi, j'adore !

Puis elle reprit son calme et se secoua un peu la tête, c'était une grande enfant quand le sujet de conversation était la nourriture. Elle aimait toute sorte de nourriture, même si la cuisine occidentale lui était totalement inconnue... D'ailleurs, à part les pâtes et le pain, elle ne connaissait pas grand chose des genres culinaires de ces pays. Et puis, la nourriture asiatique lui était déjà bien suffisante, alors à quoi bon changer. Tandis qu'elle réfléchissait (tant bien que mal) à la suite de la conversation, la jeune lycéenne qui semblait elle aussi en pleine imagination prit la parole :

« La tête surtout, c'est le meilleur. »

Ni une, ni deux, Ichi sauta dans les bras de la lycéenne en face d'elle. Sans vraiment savoir pourquoi, car non, elle n'aimait pas spécialement les têtes de taiyakis en forme de poissons plus que le reste, mais plus le temps passait, plus la fille lui paraissait sympathique. Elle allait rester, si elle n'était pas rejetée, un peu de temps dans ses bras avant de tranquillement se relever. Après ce petit égarement amicale qui prenait sa source de nul part en particulier, Ichi s'empressa de prendre la parole :

- Hum, désolée, enfin... Ichi souriait de plus bel. Tu as l'air d'être très sympathique, je t'adore déjà !

Et ce n'était pas des paroles en l'air, si il y a bien une chose que la petite savait faire, c'était de décrypter l'aura des personnes. Certes, elle ne savait pas vraiment ce que voulait dire l'aura, ni même si ça avait un quelconque lien avec le réel charisme, mais peu importait. De toute manière, elle voulait se faire des amies et Nami semblait être parfaite pour ce rôle ô combien principal sur la scène scolaire. Autant elle voulait s'en faire, autant elle ne voulait pas être ultra-populaire, Ichi aimait à avoir juste quelques amies fidèles et attentionnées, peu lui importait d'avoir toute l'école derrière elle ou non. En tout cas, elle comptait bien rester à parler avec la demoiselle encore un bon moment. Si il y avait bien une chose qu'elle espérait en ce moment, c'était que Nami n'avait pas trop mal prit son câlin.

Il me semblait que le sujet de la nourriture la mettait de bonne humeur, son sourire était immense et son bonheur communicatif, à la voir ainsi, j'étais moi aussi un peu plus réjouie. Il faut dire aussi que ce sujet me touchait, en cuisinant je m'occupais l'esprit. Je la vis alors fermer les yeux, comme pour s'imaginer ce dont nous parlions, c'est à dire, de la nourriture ! Cela m'arracha un sourire. Cette fille me semblait si innocente, c'était incroyable.

« Moi aussi, j'adore ! »

Étrangement, je n'en fus pas étonné. Surement devait-elle aimer toute la nourriture japonaise. Et peut-être même plus ! Si un jour je cuisinais trop, je pourrais lui en amener, je suis sure que ça lui ferait plaisir. Une bonne chose à savoir. En apprendre un peu plus sur elle me faisait plaisir. Je n'aurais pas cru que parler simplement de nos gouts aurait pu autant nous dévoiler. En fait ce genre d’expérience était pour moi inconnu. Je parlais peu voir même pas du tout, si on ne tenait pas la conversation et lorsque l'on venait à moi on ne me demandait pas ce que j'aimais ou pas.
Plus je lui parlais plus elle me semblait agréable à vivre. Elle ne pourrait pas être l'un de mes colocataires n'est-ce pas, ce serait trop beau.
Alors quelque chose d''incroyable arriva, elle me sauta dessus ! Enfin, je dis ça mais ce n'était pas brutal hein, elle ne voulait pas m'agresser, c'était même tout le contraire. Elle m'enlaçait. Prise par surprise je ne pus m’empêcher de rire doucement, car je riais toujours lorsque j'étais heureuse. Évidemment, mon rire était léger et ne dura pas. Je passai tout de même mes bras autour d'elle, lui caressant instinctivement les cheveux. Ils étaient doux.
Elle finit tout de même par se reprendre et dit :

« Hum, désolée, enfin... » Elle souriait encore plus. « Tu as l'air d'être très sympathique, je t'adore déjà ! »

Je devais être tombée sur la personne la plus adorable de ce pensionnat ! Moi qui adorais les filles aussi innocentes, j'étais servi ! Je sentais que moi aussi, j'allais l'adorer. J'avais besoin de genre de personne à mes côtés pour oublier mon pessimisme qui ne me lâchait pas. Et elle me semblait parfaite pour le rôle ! Cependant, cela ne m'aidait pas à parler plus et bien que je ferais tout mon possible pour l'avoir près de moi à sourire jusqu'à en avoir mal, ma confiance aurait du mal à venir. Mais c'était une fille charmante, ce qui était pour elle un atout qu'elle ne devait pas même connaitre.
Je devais tout de même lui répondre et avant que mon cerveau ne m'emmène dans une nouvelle réflexion alors sans trop réfléchir je lui dis avec douceur :

« Merci. »

Oui, je sais bien que cela ne résumait même pas le quart de mes pensées mais j'avais du mal à communiquer, même avec une adorable personne telle que celle qui se tenait devant moi. Pour compenser cette absence de mots je lui souriais tendrement, comme pour essayer de la convaincre. Je savais bien que c'était peu mais seuls mes gestes pouvaient parler pour moi.

Ichi se demandait comment allait évoluer la conversation. Cela ne l'a prenait pas pourtant, d'habitude, de sauter dans les bras de quelqu'un... Le sujet sur la nourriture devait y être pour quelque chose. Après un court moment où la jeune lycéenne réfléchissait à comment celle d'en face pourrait réagir, cette dernière finit tout de même par prendre la parole et ainsi soulager la tête de la lycéenne : 

« Merci. »

Ichi fit les yeux ronds un court instant avant d'adoucir son visage. Elle n'avait pas l'habitude qu'on lui dise merci pour un câlin, encore moins si c'était une presque inconnue (presque car mine de rien, elle semblait déjà assez la connaître même si la conversation n'était pour le moment pas très étoffée.) Finalement, elle ne savait pas trop comment continuer cette discussion, non seulement elle avait peur de tout gâcher avec des sujets futiles et énervants, mais aussi car elle était restée un peu abasourdi par la réponse de Nami, non pas qu'elle ne l'avait pas apprécié, bien au contraire. Du coup, la jeune lycéenne réfléchissait pour finalement sortir une phrase dont l'utilité était toute relative :

- Tu... Tu aimes parler de quoi, en règle générale ? Car je dois avouer que je sèche un peu, je n'ai jamais été vraiment vraiment bavarde contrairement à mon apparence peut-être un peu extraverti... Ce n'est pas très représentatif de moi au quotidien.

Finalement, c'était une phrase à rallonge pour ne pas dire grand chose. Mais c'était bien vrai, elle était un peu dans un état second ce jour-là (même si elle n'a jamais vraiment le même état deux fois dans sa vie). Pour s'amuser encore un peu et surtout parce qu'elle ne trouvait pas grand chose à faire, elle prit à nouveau la valise de son amie (plus futur, car pour elle, à partir du moment où on aime recevoir un câlin, c'est qu'on ne pense que du bien de la personne qui vous le donne, et en général, on appelle cela un ami) et la leva du sol. Elle n'était pas spécialement lourde aux yeux de la jeune lycéenne, mais après tout, elle aimait considérer les choses lourdes ou non comme étant des objets légers. Elle aimait se convaincre qu'elle était douée d'une musculature à toutes épreuves, ce qui était très loin d'être le cas... Et très est encore un mot bien gentil. Maintenant, au bout de quelques temps à réfléchir sur ce sujet et sur son mode de pensé, elle finit par prendre la parole :

- Je me demande ce que contient cette valise

Certes, cette question n'en était pas vraiment une, puisqu'elle pensait à voix haute... Mas elle se demandait vraiment ce qu'elle pouvait contenir... Bien sûr, sûrement les choses vitales pour une vie au pensionnât mais, qui sait, quelque chose peut-être de plus personnel. Elle n'était pas du genre à fouiller dans la vie privé de ses amies, c'est d'ailleurs pour ça qu'elle en demandait l'autorisation. 

Ichi souriait à nouveau à son interlocutrice. Elle ne voulait pas la mettre mal à l'aise de quelque façon que ce soit. Elle souriait non seulement pour ça mais aussi parce qu'elle avait le sentiment étrange de se trouver avec quelqu'un de familier, et ça, ça lui plaisait vraiment beaucoup.

Je vis tout de suite l'étonnement dans les yeux de mon interlocutrice lorsque je la remerciais, ce qui était bien normal de sa part. Surement me trouvait-elle étrange. Mais elle ne me semblait pas pour autant vexée par mon merci, ce qui en soi, était déjà bien. Elle me semblait presque enchantée, mais ça, je n'aurais pu l'affirmer. J'ai autant de mal à parler avec les gens, qu'à les comprendre. Les relations humaines n'étaient vraiment pas mon fort et j'avais la certitude un peu plus chaque jour de ma vie. Sauf lorsque je ne sortais pas bien sûr.
Elle semblait rêveuse, peut-être réfléchissait-elle à quelque chose mais je ne voyais pas quoi. Elle devait chercher un sujet de conversation, il faut dire que là, je la laissais bien seule. Je ne savais que dire et à vrai dire je ne cherchais même pas. Alors, j'entendis sa voix enfin se libérer :

« Tu... Tu aimes parler de quoi, en règle générale ? Car je dois avouer que je sèche un peu, je n'ai jamais été vraiment vraiment bavarde contrairement à mon apparence peut-être un peu extraverti... Ce n'est pas très représentatif de moi au quotidien. »

Comment lui dire que je n'aimais pas parler ? Il fallait que je trouve quelque chose. Cette confidence me mettait mal, je la croyais effectivement bavarde et pleine de ressources, je me trompais. Mais au moins, je me sentais moins seule : il n'y avait pas que moi qui avais du mal à communiquer. Mais finalement je suppose que pour moi aussi, les apparences étaient trompeuses : je me donne souvent un air assuré et mon charisme attire, mais je ne suis pas si sûre de moi et mon charisme est juste un leurre.
Je réfléchissais en accéléré, je cherchais une réponse, une bonne réponse. Et je ne trouvais pas. Je finis tout de même par parler, mais ma franchise me coûterait peut-être. Hélas je n'étais pas bonne menteuse. Je ne pris donc pas la peine d'essayer, et je mis à dire ce qui, plus ou moins, me trottait dans la tête :

« En règle générale je ne parle pas. Mais j'ai des ressources en question de cours, de cuisine, et je pense pouvoir être objective face à une quelconque situation banale si tu veux un avis ou un conseil. Je suis désolé mais moi non plus, je ne suis pas une grande bavarde. »

Je lui souriais légèrement, nous étions deux à ne pas savoir quoi dire. J'avais tout même peur de bloquer la situation. Je prenais la tête quant à mes réactions, lorsque je la vis de nouveau prendre ma valise. Décidément, cela l'intriguait.

« Je me demande ce que contient cette valise. »

C'était donc ça. Je n'avais rien à cacher et je ne voyais aucune raison de ne pas lui répondre, ce fut donc la première fois que je lui répondais sereinement et surtout, naturellement :

« Des vêtements, bien sûr, et quelques effets personnels comme une photo de mon père, ma mère et moi. J'ai aussi pris des livres, mon ordinateur portable et j'ai glissé encore deux, trois trucs qui peuvent s'avérer utiles. Rien que le nécessaire en fait. »

Certes cette dernière phrase pouvait être remise en question, mais n'oublions pas que je viens d'un milieu aisé, et donc, cette valise, était pour moi bien vide. J'aurais bien pris ma maison, mon propre oreiller même, ne serait-ce que pour être sûr de bien dormir, mais cela étant bien trop futile, je me contentais de ce peu. Si l'on pouvait dire "peu". J'avais aussi mon portefeuille et mes sous, mais ça, je ne préférais pas le crier sur les toits.
Ma réponse étant sortie toute seule, je me sentais un peu mieux et je décidai donc de lui retourner la question, au moins pour lui montrer que je savais le faire et que cela m’intéressait aussi, de comparer mes bagages aux siens.

« Et toi, qu'as-tu mis dans ton sac ? »

« En règle générale je ne parle pas. Mais j'ai des ressources en question de cours, de cuisine, et je pense pouvoir être objective face à une quelconque situation banale si tu veux un avis ou un conseil. Je suis désolé mais moi non plus, je ne suis pas une grande bavarde. »

Ichi s'en doutait un peu, la lycéenne en face d'elle n'avait l'air que très peu bavarde, sûrement moins qu'elle. Ce n'était pas un défaut du tout, d'ailleurs, elle trouvait ça mignon, Ichi, les filles timides... D'un certain angle. Enfin, juste assez pour les apprécier, mais tout de même, quelqu'un qui ne parle pas à côté d'Ichi peut la mettre en embarras. C'est vrai, c'est embêtant de faire toujours la conversation, mais ce n'était de toute façon pas le cas ici, car Nami avait pris sûrement un peu de confiance vis-à-vis de la petite Aoki.

La jeune fille lui souriait et elle fit de même. C'était bien mieux que des mots à certaines occasions, et ceux-là montraient par exemple la gêne qu'occasionnait la situation... A savoir, deux muettes qui se faisaient face... Il fallait qu'elle trouve quelque chose d'autre à dire. Mais le réponse sur la valise de la jeune fille trouva une réponse :

« Des vêtements, bien sûr, et quelques effets personnels comme une photo de mon père, ma mère et moi. J'ai aussi pris des livres, mon ordinateur portable et j'ai glissé encore deux, trois trucs qui peuvent s'avérer utiles. Rien que le nécessaire en fait. »

Certes, ce n'était pas un scoop total, mais Ichi était tout contente qu'on lui réponde, d'habitude, à ce type de sujet, on lui demandait soit ce que cela pouvait bien lui faire... Soit, dans le pire des cas, on la quittait sans un mot en pensant qu'elle devait être bien ennuyante autant qu'étrange. Cela lui faisait d'ailleurs pensée qu'elle n'avait quand à elle pas prit la moindre photo de ses parents. De toute façon, elle avait leur image bien ancrée dans la tête (Disons qu'elle n'avait pas une grande imagination, mais elle aimait se convaincre que si elle n'avait pas apporté l'image de ses parents, c'était pour une raison très louable (bien que c'était plutôt sa mémoire qui lui faisait défaut... Ainsi que la préparation hasardeuse de sa valise qui s'était faite un peu trop tard. Elle aimait à tout reporter un demain, et quand on est dans un cursus où l'assiduité est aussi présente, il n'est jamais bon de s'adonner à la procrastination)

« Et toi, qu'as-tu mis dans ton sac ? »

Ichi sauta à nouveau dans les bras de sa camarade, et là, c'était car elle était heureuse qu'on lui renvoie sa question. Quel bonheur c'était d'avoir trouvé quelqu'un qui aimait à parler même avec elle, qui aujourd'hui paraissait sûrement un peu idiote. Maintenant, elle se reculait un peu après avoir passé un peu de temps à enlacer son amie. Finalement, elle se décidait à répondre :

- En fait, je n'en ai plus vraiment idées, comme je l'ai faite au dernier moment. Mais je suppose que je n'ai pas été assez bête pour oublier mes vêtements. D'ailleurs, j'aurai pu vérifier sur la route, mais ça aussi, j'ai oublié. Sinon, je me demandais, on se connait depuis environ quelques minutes, mais je me demandais ou commençait l'amitié et ou finissait l'état de "connaissance", car je dois dire que je n'ai jamais vraiment comprit la nuance.

Vue son ton, la question ressemblait plus à une affirmation, mais ce n'était pas grave. Elle ne savait plus quoi dire et même avec un long moment de réflexion, la jeune fille ne trouvait plus aucun sujet intéressant ou utile (même si ses précédents sujets avaient une importance toute relative.) Finalement, elle allait passé la main à sa chère amie, ou sa chère connaissance, suivant la réponse de cette dernière.

Le retour de ma question était certes une avancée, mais je ne m'attendais pas à ça : de nouveau, elle me sauta au cou. Décidément, elle adorait ça ! Et pour tout dire je trouvai que c'était vraiment adorable. Elle ne resta tout de même pas longtemps. C'est vrai que nous ne nous connaissions que depuis une dizaine ou peut-être une vingtaine de minutes. Ce qui, effectivement, n'était pas assez pour créer des liens très forts, même si, il semblait qu'elle m'appréciait déjà beaucoup, et moi de même. Mais peut-être était-elle ainsi avec n'importe qui. Je me demandais ce qu'il en était.
Elle finit par répondre à ma question, car elle m'avait montré la joie qu'elle avait eue en m'entends lui retourner pour la première fois l'une de ses questions, mais elle n'y avait pas encore répondu.

« En fait, je n'en ai plus vraiment idées, comme je l'ai faite au dernier moment. Mais je suppose que je n'ai pas été assez bête pour oublier mes vêtements. D'ailleurs, j'aurai pu vérifier sur la route, mais ça aussi, j'ai oublié. Sinon, je me demandais, on se connait depuis environ quelques minutes, mais je me demandais où commençait l'amitié et ou finissait l'état de "connaissance", car je dois dire que je n'ai jamais vraiment comprit la nuance. »

Elle savait bien changer de sujet ! Je m'attendais à ce qu'elle me parle un plus du contenu de sa valise mais il semblait qu'elle n'y été pas autant attachée que moi. Personnellement, en ce premier jour, ma valise était le seul souvenir qu'il me restait de mon ancien monde, car oui, aujourd'hui je me sentais ailleurs. J'y accordai donc, du moins pour le moment, un certain intérêt. Mais cette fille semblait bien plus ouverte que moi et surement n'avait-elle pas besoin d'un tel attachement.
Elle se demandait donc quand pouvait-on dire d'une personne qu'elle était son amie. C'était une bonne question, mais je suppose que c'est bien plus personnel, il n'y avait pas, à mon avis, une date précise, un moment exact, où l'on passait de "connaissance" à "ami". J'avais beau y penser, je ne savais que dire de plus. Certainement que personne n'aurait pu y répondre objectivement. Ce qui était fort dommage, préférant la logique et les réponses mathématiques. Je finis donc par lui répondre d'un point de vue tout ce qu'il a de plus subjectif, mais que je n'oubliai pas de préciser :

« D'après moi, c'est un sentiment personnel. Lorsque l'on sent qu'une personne nous est chère, qu'on peut tout lui dire ou simplement parler de nos ennuis courant, qu'on a besoin de sa présence, et qu'on sent que l'on peut avoir confiance elle, elle mérite d'être appelé "amie". Mais ce n'est qu'une définition, certaines personnes considèrent l'amitié comme le simple fait de pouvoir parler librement avec une personne et de bien s'entendre avec elle. Cela dépend aussi des situations je suppose. Je pense que c'est à toi de voir comment tu l'entends. »

Je finis ma phrase sur un sourire, pensant que j'avais plutôt bien répondu. Je me demandais cependant si elle trouverait sa définition. Il est vrai que parfois, la limite est floue. Dans tous les cas en fait, la limite était floue. Je veux dire, question de sentiment. On ne savait que rarement cerner nos propres sentiments, il faut du temps pour ce genre de chose.

« Mais je pense qu'il ne faut pas se prendre la tête avec ça. »

D'ailleurs, moi, je n'y pensais jamais. Et puis, je suppose que genre de chose, ça vient naturellement, un jour on dit "mon ami(e)" sans s'en rendre compte. Non ?