Aujourd'hui c'était samedi, et comme tous les samedis, je sortais en ville. Le pensionnat n'était pas désagréable et j'y passais parfois la journée du dimanche, mais je n'avais pas envie de rester toujours là-bas et sortir me rappeler qu'il y avait de la vie en dehors ce petit monde. Ce que j'avais parfois tendance à oublier.

Je m'étais réveillé vers 10 heures et j'avais passé au moins trente minutes à rester dans mon lit pour prévoir un petit quelque chose. J'avais alors finalement décidé d'aller faire un tour dans le square qui n'était pas très loin de la pension. Je déprimais un peu et voir des enfants pleins de vie me remonterai surement un peu le moral. Je pris une douche assez courte et m'habillai simplement d'un jean et d'une chemise noire que je laissai entre-ouverte. Je pris automatiquement ma guitare et me la mis sur le dos. J'étais parti en direction du parc.

Il devait être à peine onze heures quand j'arrivais et les enfants accompagnés commençaient à partir accompagnés de leurs parents, pour aller déjeuner. Je m'assis à moitié sur le petit mur en bois qui délimitait l'espace de jeux et salua quelques mères qui me souriaient timidement. Peut-être s'inquiétait-elle. Mais je n'étais pas venu ici pour déranger. Je sortis alors doucement ma guitare, déposant la housse au sol, et accordai une dernière fois celle-ci. Je réfléchissais en même temps à un air que je pourrais jouer et je décidais de ne pas trop appuyer sur la déprime. Tous mes airs avaient quelque chose de triste mais j'étais venu ici pour me changer les idées.


Une fois les derniers accords faits, j'enchainais alors sur un air entrainant mais un peu mélancolique. Je me sentais un peu seul dans cet endroit pourtant plein de vie où les rires des enfants résonnaient et en les regardant s'amuser je souriais légèrement. Je fus soudain surpris par une petite fille qui me fixait en m'écoutant jouer. En croisant son regard je la vis me sourire et petit à petit quelques uns de ses camarades virent m'écouter à leur tour, certains s'étaient même assis, comme s'ils voulaient m'écouter jusqu'au bout. J'étais à la fois étonné et heureux. Je me mis alors à fredonner l'air qui entrait doucement dans leur tête et plusieurs d'entre eux se risquèrent à me suivre. J'avais l'approbation des parents qui semblaient désormais rassurés, mais l'heure du repas se rapprochant, le square fini par remarquablement se vider et j'écourtai ma chanson afin de laisser partir tranquillement mes derniers auditeurs. Je finis donc mon petit air de guitare de meilleure humeur, mais restant seul dans le parc.

Enfin le week-end ! Après de nombreuses heures de cours, des plats pas très ragoutant au self et des réveils qui sonnent à 7h du matin, c'était enfin la libération !
Enfin j'exagérais, le pensionnat était vraiment bien mais il faut avouer qu'une petite journée de repos faisait aussi du bien.

Après ma grasse matinée bien méritée, j'ouvris la fenêtre et eu la bonne surprise de sentir la chaleur du soleil sur ma peau et découvrit un ciel limpide. De bonne humeur, je pris une petite douche avant d'enfiler un short en toile et un beau t-shirt coloré. Je me regardai dans le miroir et décidai de laisser ma tignasse sauvage au naturel et de sortir comme ça.

Je sortis du pensionnat pour me diriger vers le parc, j'avais envie d'un peu de tranquillité. Je déambulais dans les rues en observant les passants. Avec le beau temps, tout le monde avait l'air de bonne humeur et ça faisait vraiment du bien de se promener dans une ambiance pareille.

Après un petit quart d'heure de déambulation, j'arrivai enfin au parc. Il était remplit d'enfants qui jouaient et de leurs parents. Ce spectacle me fit sourire, observer les enfants et leurs innocence avait le don de me redonner espoir en l'humanité. Ce dont je manquais cruellement ses derniers temps avec tout ces conflits, ces violences...
Il était environ 11h15 quand j'aperçus une silhouette familière au loin. C'était Satou, une des premières personnes dont j'avais fait la connaissance au pensionnat. Je m'approchai sans qu'il me remarque et m'aperçu qu'il jouait de la guitare.
Apparemment je n'étais pas la seule à l'avoir remarqué car un groupe d'enfant s'approcha de lui pour l'écouter jouer. Je décidai de me cacher parmi les enfants pour qu'il ne me voit pas, pour ne pas le déranger.

Il jouait vraiment bien et tout les enfants étaient subjugués par le son de sa guitare. Tout à coup il se mit à fredonner un petit air et certains enfants le reprirent. Je me mis à sourire. Ce spectacle réchauffait vraiment le cœur, j'étais vraiment chanceuse d'être arrivé à ce moment. Ce garçon était décidément plein de surprise.

A la fin de la chanson, le parc commença à se vider mais Satou ne m'avait toujours pas remarquée, trop absorbé dans sa musique. Une fois seuls, je me rapprochai encore doucement de lui, ne voulant pas vraiment le surprendre et lui dit simplement et sincèrement.

"Bravo c'était vraiment génial ! "

Spoiler:

J'étais parti doucement dans mes pensées et je ne faisais plus attention à ce qui m'entourait. De toute façon les enfants allaient manger, je devais me trouver une autre occupation. J'étais parfois solitaire mais je tombais souvent dans la déprime à rester seul trop longtemps et à trainer au hasard des rues. Peut-être devrais-je manger moi aussi ? Je n'avais pas très faim mais je n'avais jamais vraiment faim après tout.

Alors que je me demandais que faire, je fus surpris lorsque j'entendis une voix familière me ramener à la réalité. Je levai la tête et aperçu Reira, devant moi. J'étais étonné de la retrouver ici, mais content de la revoir. En fin de compte, je n'aurais pas à rester en tête à tête avec moi-même.

Merci.

Je ne trouvais rien d'autre à lui dire et ma réponse était certes bien maigre mais j'étais un peu gêné qu'elle m'ait vu ainsi. Je ne sais pas vraiment pourquoi d'ailleurs.

Je mis ma guitare à la verticale, afin de la tenir d'une seule main, reposant alors sur sa housse. Je voulais lui montrer que j'étais content de la revoir et que même si j'avais toujours autant de mal à développer mes propos, j'étais prêt, et avec plaisir, à converser avec elle.

Que fais-tu là ?

Ma question pouvait facilement être mal prise, mais Reira s'était peut-être déjà habituée à mon manque total de sociabilité. Du moins à chaque début de conversation, car il est vrai que parfois j'étais à mon aise et une fois lancé je pouvais presque devenir bavard. Mais pour qu'elle soit sûre de ma motivation qui n'était donc pas vraiment visible, je lui souriais amicalement et finis même par ajouter :

Je suis content de te revoir.

En quelque sorte je prenais des nouvelles. A ma façon, je lui demandais si elle allait bien tout en exprimant ma joie de la retrouver. Bon d'accord, personne n'aurait pu réellement comprendre tout ça, mais l'intention y était et j'étais persuadé qu'elle me comprendrait. Elle avait bien réussi à me garder tout en repas, je savais qu'elle saurait en faire de même aujourd'hui. C'était plutôt agréable d'ailleurs, de savoir qu'elle ne me demandait pas trop d'efforts. Même si je ne voulais pas me reposer entièrement sur elle.

Spoiler:

Le jeune homme, perdu dans ses pensées me remarqua enfin.
Il avait l'air assez surpris de me voir, pas vraiment gêné mais comme timide.
J'imaginai que c'était comme quand des personnes regardait mes dessins, on mettait toujours une partie de nous même dans notre art et ça pouvait être intimidant de se dévoiler comme ça.
Sa réponse un peu courte ne m'offusqua pas le moins du monde.
Pour avoir passé un repas à parler avec lui je savais qu'il n'était pas bavard au début ce qui ne me dérangeait pas.

J’aperçus sa guitare, elle était magnifique et je m'en approchai un peu pour l'observer de plus près.
Satou me demanda ce que je faisais là. C'est vrai que je débarquais un peu de nul part pour lui, même si cela faisait 20 minutes que le regardait jouer.
Avant que je n'ai eu le temps de répondre, il rajouta que cela lui faisait plaisir de me revoir.

Une vague de chaleur traversa mon corps, je n'étais pas du genre timide en général mais cette remarque m'avais fait un sacré effet. Cela me confirmait le fait que notre précédente rencontre avait été aussi agréable pour lui que pour moi. Je rougis un petit peu avant de reprendre mes esprits et de sourire au jeune homme pour lui répondre.

"Moi aussi, je suis très heureuse de te revoir! J'avais décidée de me faire une petite journée tranquille au parc quand je t'ai aperçu ici. Je ne voulais pas te déranger pendant que tu jouais, c'était vraiment magique..."

Je regardai autour de moi et vit qu'il n'y avait plus personne dans le parc autour de nous, je n'étais encore jamais venu à cet endroit et n'avait pas prit le temps de regarder les alentours. De grands arbres nous entouraient, ils avaient l'air très vieux et cela contrastait avec les aires de jeux pour enfants. Le tout créait une ambiance assez étrange.

Bref, je reportai mon attention sur Satou devant moi et me rappelai d'une conversation que nous avions eu à propos d'un club.

" Et toi, que fais-tu là? Tu es venus ici pour répéter pour ton club?"

Elle se rapprocha un peu de moi et finit aussi par me répondre. Elle me dit qu'elle était aussi contente de me revoir puis elle m'expliqua qu'elle avait voulu tout comme moi passer une journée tranquille et que c'est pour ça qu'elle était ici. M'apercevant elle donc tout naturellement venue à moi. Et je me rendis compte qu'elle n'avait rien raté du spectacle lorsqu'elle précisa qu'elle n'avait pas voulut me déranger lorsque je jouais. Elle me dit aussi que c'était magique. J'acceptai le compliment sans rien dire, mais je ne pus retenir un léger sourire. Ce n'était pas vraiment dans mes habitudes de donné des concerts improvisés, surtout devant des enfants, mais ça me faisais plaisir qu'elle ait aimé. Elle me retourna après ça ma question, me demandant si j'étais venus dans le but de répéter pour mon club.

Pas vraiment.. à vrai dire je voulais simplement sortir un peu et me changer les idées.

Je lui souriait gentiment, je ne savais pas vraiment pourquoi, mais la voir et lui parler ainsi me rendait petit à petit un peu de bonne humeur. Je souvins en parlant des clubs, que lors de notre première rencontre, nous en avions déjà parler et qu'elle n'en avait pas encore choisis, c'est pourquoi je lui demandais de nouveau :

Au fait, en as-tu trouvé un qui te convienne ?

Les clubs s'agrandissait lentement mais surement, alors peut-être que l'un d'eux l’intéressait maintenant. Et dans le cas contraire, j'étais sur qu'un jour, celui qu'elle attendrait serait là, quitte à ce qu'elle créait elle-même. Et puis ce n'était qu'une option, alors finalement, elle pouvait aussi décider de n'en choisir aucun. Mais quelque part j'étais curieux d'en savoir plus.